Un espace naturel au milieu du béton : un potager solidaire a ouvert ses portes dans un quartier populaire à Toulouse

Un potager solidaire a ouvert mercredi 26 juillet dans le quartier de la Reynerie à Toulouse (Haute-Garonne) sur une friche. Chacun peut venir y acheter des légumes à des prix modiques. Les usagers ont 2 à 3 ans pour en profiter avant que 153 logements ne poussent à la place.

Ce jardin maraîcher temporaire est destiné à la cueillette de légumes de saison et à leur vente sur place à des prix accessibles. Plutôt inattendu à la Reynerie à Toulouse (Haute-Garonne), il a pris ses quartiers sur une surface de 2 hectares sur l'ancien site du collège Badiou détruit fin 2022 et tranche avec les immeubles en béton.

Aloïse Winocq et Houria Beldjilali travaillent dans le quartier. Ce mardi 8 août, sourire aux lèvres et paniers sous le bras, elles sont venues tester ce jardin solidaire. Au programme : concombres, courgettes classiques ou rondes, salades, blettes rouges et vertes, et le basilic est même offert à la pesée.

Un jardin à côté du travail

Aloïse Winocq vient ce mardi pour la première fois. Entrepreneuse, ses bureaux ne sont pas loin du champ et l’enthousiasme est au rendez-vous : "C’est super d’avoir un jardin à côté du travail pour venir chercher ses légumes, j’aime l’idée, c’est étonnant. Je ne pensais pas qu’ils allaient faire quelque chose de la friche, c’est intéressant."

Après deux semaines d’ouverture, le bouche-à-oreille fonctionne. Aloïse est ainsi arrivée dans ce jardin tout particulier par l’intermédiaire d’Houria Beldjilali, nouvelle cliente également. Elle aussi travaille non loin du potager solidaire et trouve le concept très à propos. "Ce lieu est très bien, surtout pour les habitants. « Trouver un endroit comme ça en plein centre-ville, à côté de tant de constructions, de bâtiments, ça fait plaisir ! Le plein de légumes est fait pour la semaine, tout est frais, ça sent très bon et ce n’est pas cher !"

Comptez 1,20 euro le kilo de tomates ou de courgettes, 60 cents pour la salade ou 50 cents pour un concombre.

"C’est aussi un moment de plaisir, de loisir et de gourmandise", ajoute Houria.

C’est l'association Reynerie Services, qui œuvre à l'amélioration du cadre de vie du quartier, qui pilote le projet. Laure Pinchon, directrice adjointe de Reynerie Services, explique que l’idée est de développer les expérimentations d’agriculture urbaine. « Il s’agit d’occuper des parcelles libérées dans le cadre du renouvellement urbain.»

Ce projet fait sens à ses yeux. "Le quartier est en pleine mutation. C’est positif de pouvoir utiliser ces parcelles. Même si c’est une occupation éphémère, cela répond à des besoins de la Reynerie en termes d’alimentation et de verdissement. Cela correspond aux axes de transition écologique qui émergent dans les quartiers et apporte une alimentation locale aux habitants avec des circuits courts à des prix très réduits."

Un objectif social et éducatif

Le lieu permet de faire travailler des salariés en réinsertion professionnelle sous le pilotage de la coopérative Milpa Insertion, qui travaille sur les questions environnementales, l’emploi et l’inclusion. Des employés ont ainsi créé ce vaste potager en quelques mois. Ce 8 août, ils s’affairaient à l’installation d’une serre.

« Ces salariés travaillent sur l’entretien de la parcelle, donc nous répondons vraiment à un objectif social en parallèle du projet environnemental. Il y a aussi le caractère éducatif avec l’accueil d’écoles, le lien avec les habitants via l’animation de la parcelle avec des ateliers sur la transformation des légumes, d’autres dédiés à la cuisine de rue etc ».

Des premières récoltes prometteuses 

Romain Bouville encadre le projet techniquement pour la MILPA Insertion. Il explique que le projet relevait de nombreux défis, notamment du fait de l’implantation du potager sur un terrain difficile.

« Il y a des endroits où les légumes ont vraiment du mal à pousser, c’est un terrain très tassé et caillouteux, qui est probablement complètement inerte et imperméable à 30 centimètres ».

Mais les premières récoltes sont prometteuses et l'initiative ouverte aux suggestions des habitants pour de nouveaux plants. « Il s’agit d’être à l’écoute de leurs envies et leurs besoins » (Laure Pinchon, directrice adjointe de Reynerie Services ».

Le programme va être expérimenté pendant un an, car la terre a encore besoin d’être encore améliorée. Pour l’instant, il n’y a pas de fruits. L’année prochaine, la parcelle pourra évoluer en fonction des besoins exprimés. De nombreux habitants ont par exemple fait la demande, à l'étude, de menthe et de poivrons.

Le jardin Badiou est un projet éphémère puisque le terrain est réservé à la construction de 153 logements prévus dans le cadre du renouvellement urbain de ce quartier prioritaire.

Dans l’intervalle, pendant au moins deux ans, le potager est ouvert à tous 1, rue de Kiev le mardi de 10h à 13h, le mercredi de 14h à 16h et le vendredi de 10h à 12h. Renseignements au 05.61.44.26.03

Plus d'informations sur le site internet du quartier de la Reynerie 

(Avec Juliette Meurin)