Une cabane de berger, fouillée avec délicatesse par des archéologues en pleine montagne, va révéler ses mystères

Une dizaine d'archéologues dégagent en cette fin du mois de juin les ruines d'une cabane pastorale dans la vallée de Lesponne, sur les hauteurs de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). La cabane abandonnée au 19ème siècle réserve des mystères.

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En plein cœur de la vallée de Lesponne dans les Hautes-Pyrénées, de grosses pierres affleurent encore et donnent le vague contour de la bâtisse. Mais pour connaître dans le détail les pratiques des bergers, les archéologues grattent, frottent et raclent l'intérieur de la cabane. Un travail aussi fastidieux que précis, selon Amandine Dubois-Landrin, doctorante à l'université de Pau et Pays de l'Adour.

"C'est très, très racineux, c'est assez casse-pieds, mais dans ces cas-là, délicatement, on coupe les racines, on ne tire surtout pas, détaille la spécialiste. Parce que quand on tire une racine, on ne sait pas jusqu'où elle va et on peut arracher l'intégralité des vestiges qu'on a sur le dessus."

Il faut vraiment que notre zone soit la plus propre possible, qu'on la fouille de la manière la plus délicate possible. Surtout quand on a une présence de charbon parce que c'est très fragile et que ça se perd facilement.

Amandine Dubois-Landrin, doctorante à l'université de Pau et Pays de l'Adour

Deux semaines de fouilles

Morceaux de verre, débris de vaisselle, clous de charpente sont ainsi mis au jour. Précieux fragments pour comprendre l'usage de cette cabane, alimentée en eau par un ruisseau tout proche.

"Ces quatre rigoles, certaines viennent desservir les cabanes et mettre de l'eau au niveau même des cabanes où il peut y avoir un "leité". Alors le "leité", c'est un petit placard, en pierres, en dalles dressées souvent avec un linteau qui a une porte en bois et à l'intérieur, on met les bidons de lait, précise Christine Rendu, chargée de recherche au CNRS au laboratoire Traces. Et la fraîcheur de l'eau permet de faire remonter la crème pour pouvoir ensuite faire le beurre."

Les fouilles doivent aussi éclaircir le complexe système de propriété de ces cabanes. Et de simples fragments de serrure donnent déjà de précieuses indications.

"Ces cabanes étaient fermées à clé, affirme Noémie Luault, responsable des fouilles
au bureau d'études archéologiques Hadès. C'est un signe supplémentaire d'appropriation par une personne privée. On s'imagine souvent que les cabanes de berger, c'est un peu comme les refuges aujourd'hui, c'est ouvert à tout le monde. Donc, là, non. C'était vraiment la cabane d'une famille en particulier."

La dernière occupation des lieux remonte au 19ème siècle. Une datation à préciser avec l'analyse des fragments récoltés lors des deux semaines de fouilles.

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