Les 16.000 personnels (médicaux et non-médicaux) du CHU de Toulouse doivent commencer à prouver qu'ils sont bien vaccinés. 85% ont déjà reçu au moins une dose. Cette vaccination dans les hôpitaux sera obligatoire au 15 septembre 2021. Que va-t-il se passer après cette date ?
Pour cette rentrée, la direction du CHU de Toulouse a un défi à relever. Au 15 septembre 2021, 16.000 personnels dont 4 000 médicaux ont l'obligation d'être vaccinés. À 17 jours de la date limite, certains refusent encore totalement cette obligation vaccinale. Les tensions montent dans les services.
Les agents hospitaliers ont jusqu'au 15 septembre pour apporter la preuve d'au moins une injection du vaccin anti-Covid. Et jusqu'au 15 octobre pour présenter un schéma vaccinal complet. Passé cette date, ils seront suspendus.
82,3% des personnels ont déjà reçu les deux doses
En ce moment tout le personnel du CHU doit enregistrer son pass vaccinal sur une plateforme interne en ligne. Les relevés et les chiffres commencent à se préciser.
Ce lundi 30 août 2021, 82,3 % des personnels du CHU de Toulouse sont totalement vaccinés. Le chiffre devrait bientôt atteindre les 85% avec ceux qui n'ont à ce jour reçu qu'une dose. Mais pour les non-vaccinés, de nombreuses questions se posent.
Cela risque d'engendrer des difficultés de fonctionnement, comme nous l'explique une infirmière qui travaille à l'hôpital Purpan en ambulatoire. Elle témoigne anonymement pour se protéger d'éventuelles tensions au sein de son service.
" L'une de mes collègues est à un an de la retraite. Elle refuse la vaccination, du coup elle a posé tous ses congés au delà du 15 septembre et compte négocier un départ. Pour l'instant elle n'est pas remplacée mais cela ne peut pas durer. Surtout cela crée une ambiance délétère autour de la vaccination ".
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Les anti-vaccins, un casse-tête pour la direction
Une situation loin d'être isolée au CHU. Le bras de fer est engagé entre la direction et une minorité de son personnel. Un médecin, qui préfére lui aussi témoigner de manière anonyme car le sujet est sensible entre soignants, s'inquiète pour l'avenir.
Dans notre service, la grande majorité du personnel est déjà vaccinée mais une infime minorité refuse toujours. Moins de 5%. Pour l'instant cela ne nous impacte pas, mais si cette situation devait se pérenniser cela risque d'avoir des conséquences sur notre fonctionnement. Nous avons déjà du mal à recruter des infirmiers et des aides soignants, surtout dans des services très spécialisés. Donc la question du manque de personnel, surtout formé, pourrait, à terme, nous poser de réelles difficultés.
Une situation dont a conscience la direction du CHU de Toulouse. Elle se retrouve face à un casse-tête entre obligation vaccinale, gestion de son personnel et fonctionnement de l'hôpital.
" Pour le moment nous sommes dans une vraie phase de pédagogie. Nous sommes confiants. Nous allons au contact de tous ces soignants, très minoritaires, qui refusent la vaccination. Nous privilégions le dialogue au maximum pour les rassurer et les convaincre. Cela fonctionne, les réticenses se lèvent. Notre but, bien évidemment, est de garder tout notre personnel ", nous explique Anne Ferrer, directrice adjointe du CHU de Toulouse.
Une suspension, sans salaire, ni congés
Pour le moment 4 à 5 personnes par pôle, (le CHU en compte 10), ont officiellement et clairement exprimé leur refus de la vaccination.
L'agent qui n'aura pas eu au moins une dose au 15 septembre ou validé son schéma vaccinal complet au 15 octobre sera suspendu. Nous n'accorderons pas de congés systématiques à ceux qui refusent la vaccination, ce sera au cas par cas. La suspension entraîne la suspension du salaire, les droits d'avancement et les congés. Surtout l'agent n'aura pas l'assurance de retrouver son service en cas de retour. Ce n'est pas neutre une suspension.
La direction réfléchit déjà à une réorganisation de l'hôpital. " Au 15 septembre nous saurons très exactement le personnel qui refuse la vaccination. On regarde déjà les plannings pour essayer d'anticiper et de se réorganiser. Car il nous faut garantir et assurer la continuité des soins. Il n'y aura pas forcément de remplacement. En effet c'est très compliqué en ce moment, il y a une réelle pénurie de soignants. ", termine Anne Ferrer, directrice adjointe du CHU de Toulouse.
Le casse-tête de cette obligation vaccinale ne touche pas que l'hôpital public, les cliniques privées toulousaines sont elles aussi dans une phase de concertation avec leur personnel pour éviter le moins de défections possibles. Le compte à rebours est lancé.