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VIDEO. Des prothèses en matériaux recyclés d’avions Airbus A 350 permettent à des personnes handicapées de se remettre au sport

Pour les amputés de membres inférieurs, l’accès au sport est souvent considéré comme un luxe : les prothèses sont réservées aux athlètes de haut niveau et ne sont pas intégralement remboursées par la Sécurité Sociale.

Grâce à un prototype de prothèse de jambe en carbone recyclé, provenant d'avions Airbus A 350, des personnes amputées retrouvent l'espoir de pouvoir à nouveau pratiquer un sport, marcher et courir. La dernière étape consiste pour eux à gravir, équipés de leurs nouvelles lames, un sommet de 3000 mètres en montagne.

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Triple amputé du bras droit et des deux jambes en 1984, à l’âge de 9 ans, Jérôme a toujours rêvé d’une prothèse multisport, facile d’usage et accessible au plus grand nombre qui permettrait à toutes les personnes, handicapées comme lui, de se remettre au sport facilement "quand on est droitier et qu’il manque le bras droit, on apprend à écrire de la main gauche, et quand on n’a plus de jambes, on apprend à marcher avec des prothèses". Mais pas si simple en réalité, même si son rêve fou pourrait bien lui faire déplacer des montagnes…

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Jusqu'à ses vingt ans, jérôme, amputé d'un bras et de deux jambes à l'âge de 9 ans, faisait un peu de vélo, le handisport n'étant pas encore développé. Puis entouré de sa famille et d'amis, il commence à réaliser ses premiers bricolages de prothèses. ©Lumento / France Télévisions

Des prothèses de jambes trop coûteuses

"Toi, valide, si tu veux aller courir, tu vas aller acheter n’importe où, une paire de godasses, ça va te coûter 20 euros, si tu ne veux y mettre que 20 euros. Ça va t’en coûter 300, si tu veux y mettre 300 euros. Au pire, tu as perdu l’argent que tu voulais y mettre. Moi, schématiquement, il me fallait 15 000 euros" explique Jérôme. Et 15 000 euros, tu ne les sors pas comme ça !

Les lames de sport coûtent très cher et elles ne sont pas remboursées en France car le sport est un loisir. Jusqu'ici, deux principales entreprises, une, allemande et l'autre, islandaise font des produits adaptés à la haute performance.

Ce sont des lames que tu vas voir sur des athlètes paralympiques (...) Tu n'as pas de lames qui permettent d'aller sur des sentiers un peu partout, avec quelque chose qui soit adapté aux personnes néophytes

Hugo R. étudiant à L'IMT Mines d'Albi

Des lames, Jérôme s’en fait prêter pour courir, mais il ne peux pas les garder. Il faut les rendre et c’est plutôt frustrant.

Une nouvelle lame, accessible à tous

Jusqu'au jour où Jérôme rencontre Benjamin, un copain ingénieur qui travaille chez Airbus. Il lui demande : "Tu connais le composite ? Moi il me faut des lames en carbone et c’est trop cher, tu ne veux pas m’aider à les fabriquer ?". L'idée va germer et se développer, c'est le point de départ d'une belle aventure humaine, sportive et innovante.

La conception du prototype se met en place, soutenue par la fondation d’Airbus (Airbus Humanity Lab), entreprise porteuse du projet (Hopper), entourée d'une équipe d’étudiant ingénieurs de l’IMT Mines d'Albi et de l'équipementier Salomon, pour la réalisation de semelles adaptées. "On n’y connaît rien au handicap, les matériaux et l’innovation, on débute, mais on a de la volonté et un groupe" explique Victor étudiant ingénieur à l'IMT Mines d’Albi.

La fabrication des lames est réalisée à partir de carbone recyclé provenant d'avions Airbus A 350.

Le carbone utilisé vient de la production du fuselage de l’A350 et il y a des parties, des fins de rouleaux et des chutes qui ne sont pas utilisées, car non certifiées par l’aéronautique et aujourd’hui ça devient un déchet.

Hugo R.

Il faudra quatre mois pour réaliser le prototype. Les essais seront-ils concluants ? Si l'affaire marche, l'objectif serait d'en produire pour en réduire le coût à moins de 2000 euros.

Le défi : gravir un sommet à 3000 mètres 

Cinq autres personnes amputées rejoignent le projet. Parmi eux, Boris amputé à l’âge de 47 ans. Il insiste sur l’importance de la souplesse et le confort de la semelle pour que la prothèse devienne bien plus qu’une lame de course, lui qui est un adepte de randonnées dans les chemins escarpés. Tout comme Sarah amputée à 25 ans, qui rêve de se remettre au sport. L'occasion d'affiner et d'adapter la prothèse au tout-terrain."Quand on demande comment c’est arrivé, on pose la question de quel est le jour le plus traumatisant de votre vie. Est-ce qu'on a envie de raconter ça à un inconnu ? (...) Et finalement, ça n’a pas d’importance".

L'important, c’est ce qui se passe après, c'est ce que la personne arrive à faire, ses passions, sa vie.

Boris, amputé à 47 ans

Et puis il y a ce moment qui va changer leur vie. Tous se préparent à retrouver les plaisirs de la montagne, du trail et de la randonnée, réunis autour d'un objectif : celui de gravir avec leurs nouvelles lames de sport, la pointe de l'observatoire dans les Alpes, un sommet de la Vanoise à plus de 3016 mètres d'altitude.

Michel rêvait de retrouver la montagne depuis 40 ans. Plein d'appréhension, le doute s'installe. Puis, l'ascension commence, l'espoir revient.

Le réalisateur Olivier Lambert accompagne et filme les sportifs dans leur aventure exaltante, forte en émotions. Vont-ils arriver à relever le défi ?

"Sur mes deux jambes", un film réalisé par Olivier Lambert. Une coproduction France Télévisions, Lumento et Les nouveaux jours productions. Retrouvez tous nos documentaires sur france.tv

 

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