"Des rives du Lez au Rio Azul", le projet de dix lycéens pour changer le monde !

Dix élèves de l'école Antonia basée à Montpellier ont passé une semaine en Amérique Centrale, au Guatemala. Dans leur valise, un projet d'agriculture plus verte et des idées pour lutter contre la sécheresse

Peut-être le voyage d'une vie ! Quand des élèves de seconde de l'école Antonia de Montpellier (école privée hors contrat, NDLR) se sont lancés il y a deux ans dans un projet proposé par un concours de l'Unesco, ils ne pensaient certainement pas atterrir à 9 000 kilomètres de chez eux quelques mois plus tard. Retraçons leur histoire...

L'eau comme fil conducteur

Le thème du concours : l'eau et son utilisation comme levier résilient pour agir en faveur de l'écologie et la préservation des ressources. Les douze élèves se lancent dans ce projet inédit, un projet qu'ils vont porter pendant deux ans. À l’origine, leur but est de parvenir à utiliser moins d'eau potable dans leur école, et de créer des systèmes vertueux de réutilisation de cette eau, la ressource devenant rare dans la région.

Mais de fil en aiguille, le projet se porte vers une solution d'agriculture durable, l'aquaponie. "Tout le monde a mis la main à la pâte, enfants comme parents qui ont été très investis" confie Jean-Pierre Font, parent d'élève. "Il nous arrivait de rester trois ou quatre heures après les cours pour travailler sur ce projet" explique Kallysta Martin, élève de la promotion. 

Genèse du voyage

Après plusieurs mois de travail, la promotion se qualifie pour la finale, et porte devant le jury de l'Unesco son projet nommé "Aqwat'R", accompagné de sa maquette d'aquaponie, le 17 mars 2023. Les étudiants échouent en finale, mais Aqwat'R obtient la mention spéciale du jury, et le projet est remarqué.

C'est à ce moment que Aqwat'R commence une seconde vie. Motivés et ragaillardis par la mention spéciale obtenue au concours de l'Unesco, les élèves décident de développer leur projet pour le faire rayonner à l'international. "Nous sommes une école ouverte aux étudiants internationaux, c'est notre ADN de partager ce savoir" détaille Jean-Pierre Font.

Guatemala, je te veux et je t'aurai

Débute alors une campagne de financement pour parvenir à faire voyager le projet. "On a fait des ventes, des baby-sittings, on s'y est tous mis"  raconte Montaine Tendron, une autre élève de l'école. Au même moment, l'école montpelliéraine obtient un partenariat avec l'association "Terre des Hommes France", une ONG de solidarité internationale. "Terre des Hommes" nous a mis en relation avec un réseau d'ONG guatémaltèque" rapporte Jean-Pierre Font.

L'idée d'aller porter le projet à l'international se précise, et le Guatemala semble être le pays propice. "90 % des eaux sont polluées au Guatemala. Alors quand on en trouve là-bas, il est vital d'optimiser son utilisation" explique Jean-Pierre Font. Leur campagne d'autofinancement réussie, 10 élèves et 10 accompagnants prennent leur billet pour ce pays d'Amérique centrale. En parallèle, Terre des Hommes organisent le voyage, les élèves pourront rencontrer des peuples mayas autochtones, agriculteurs dans les hauts plateaux du pays.

Dix jours de périple et de rencontres

Le 26 mars 2024, les élèves s'envolent de Toulouse, direction Madrid puis le Guatemala. Commencent alors dix jours de périple au cœur du pays. D'abord Antigua, ville située au pied d'un volcan impressionnant et ancienne capitale à l'époque coloniale. Puis les plateaux au nord du pays, à "San Antonio Huista", proche de la frontière mexicaine. "On pouvait faire jusqu'à 10 heures de bus par jour" raconte Jean-Pierre Font. Mais sur la route, les jeunes baroudeurs sont frappés par la pollution. "C'était très dur à voir. Il y a des déchetteries à ciel ouvert, et la sécheresse frappe tout le pays" regrette Kallysta. "Je crois qu'à ce moment-là, ça nous a tous fait ouvrir les yeux" poursuit Montaine, une autre élève du projet.

Ils pensaient déjà être à l'autre bout du monde, mais les élèves n'avaient encore rien vu. Une fois arrivés sur les hauts plateaux, le "vrai" voyage commence. Sur place, ils ont rendez-vous avec 60 jeunes mayas, leaders de leur communauté dans les villages des hauts plateaux guatémaltèques."On a découvert les populations mayas locales, une nouvelle culture pour nous, on a vraiment été confronté à une tout autre vision du monde par rapport à ce qu'on connaît, se souvient Kallysta.

Échange de savoir sur l'écologie

Mais sur place, pas vraiment le temps de se reposer. Élèves de l'École Antonia et groupement d'associations d'agriculteurs guatémaltèques s'attellent à la tâche : réfléchir à des moyens d'économiser l'eau, et devenir ici, les pionniers "d'un processus mondial transformation sociale, économique, politique et culturelle".

Début d'une collaboration à long terme ?

Après les échanges avec les agriculteurs et quatre jours passés sur places, français et guatémaltèques ont décidé qu'un système d'aquaponie à grande échelle verra le jour à l’été 2024, à San Antonio Huista et dans les plateaux alentour. "Le système de distribution d'eau ne permettait pas d'installer le système d'aquaponie au moment de notre voyage" explique Jean-Pierre Font. "Quand on pense que c'est parti d'une simple idée en classe pour un projet... C'est un sentiment d'accomplissement pour nous. C'est incroyable" s'émeut Kallysta.

Les dix baroudeurs écolos pourraient-ils un jour revenir dans les hauts plateaux guatémaltèques auprès des jeunes agriculteurs rencontrés sur place ? "Peut-être oui..." avoue Kallysta. Jean-Pierre Font ne s'en cache pas non plus, ce projet a vu naître en lui l'idée "d'une communauté du destin, des Riv du Lez au Rio Azul".

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