A Toulouse, des associations et des personnes en situation de précarité, se mobilisent pour offrir de vraies sépultures aux morts de la rue. Le documentaire nous emmène à la rencontre de ces bénévoles, déterminés à reconstituer le puzzle de vies abimées en offrant une présence, des gestes, des chants, des paroles pour accompagner ces défunts dans leur dernière demeure.
Un film de Marielle Duclos à voir le jeudi 2 novembre 2023 à 22h50. Une coproduction Artimon films et France 3 Occitanie
Louise se renseigne sur un nommé monsieur Jacques. Elle ne l’a pas connu. Pourtant, le lendemain, elle doit organiser ses funérailles. Maître de cérémonie, elle rassemble des informations pour préparer un hommage dédié à cet homme disparu seul, sans laisser de trace.
Louise fait partie de l’association toulousaine "Goutte de vies" où sont réunis des bénévoles sensibilisés par l’injustice sociale et l’exclusion. Une association créée pour améliorer les conditions de vies de personnes en situation de précarité, mais aussi pour célébrer les morts de la rue et reconnaitre leur existence.
Pour organiser les funérailles, les membres de l’association doivent d’abord enquêter sur la personne disparue. L’objectif est de retrouver des proches, le cas échéant, des bribes de vie. Les voilà partis à la recherche de famille ou d'amis. Même si parfois, la recherche ne donne rien "C’est un peu le parcours du combattant pour avoir des infos, mais c’est pour ça qu’on le fait, pour que Jacques ait une cérémonie la plus proche de lui" précise Louise. Parfois, "C'est aussi des gens que l'on a connu, bien vivants, avec qui l'on a de chouettes souvenirs" explique Yves, enquêteur et travailleur social.
Le documentaire nous raconte comment, pour tous ces vivants, prendre soin de l’humain est au centre des préoccupations. Souvent en rupture avec leurs familles et dans l’anonymat le plus complet, les défunt.e.s ne laissent aucune trace derrière eux. Les bénévoles recueillent alors, juste un prénom, voire un surnom, un objet particulier ou même parfois, rien du tout, pas même une identité.
"Cette maman décédée que l’on ne connaissait pas, avait une fille qui avait complètement disparu au moment du décès. Nous l'avons retrouvé en Espagne. Et là, on a fait quelque chose que l’on n’avait jamais fait. On lui a écrit une lettre pour lui raconter comment sa maman avait vécu les derniers moments de sa vie. Comment elle avait été un peu soutenue et accompagnée (…). Si un jour, elle souhaite venir se recueillir, ce sera moins choquant pour elle de voir une tombe entretenue avec de la lavande (…)" raconte Yves.
En parallèle, l'association toulousaine Kokeliko propose des moments de chants. Bénévoles et choristes se mobilisent. La chanson fait partie de l’au revoir. Outil de réinsertion, celles et ceux qui mènent une vie précaire y retrouvent douceur et réconfort. Tous participent aux obsèques.
L’idée d’humanité sera toujours là, tant qu’il y aura des gens qui diront qu’on ne peut pas laisser quelqu’un partir tout seul.
Yves, membre de l'association "Gouttes de vies"
Dans l’immense cimetière de Cornebarrieu, dans la périphérie toulousaine, près de vingt cérémonies sont célébrées chaque année. Ici, les imposantes plaques de marbre contrastent avec les simples croix de bois, sans artifice, mais où l'élan d’humanité, reste bien présent. Les bénévoles, venant de tous horizons, participent aux hommages et aux enterrements.
Munis de pelles, de pioches et de cisailles, ils sarclent, bêchent, coupent, fleurissent, pour entretenir les tombes et préserver la mémoire de celles et ceux, avec qui ils ont partagé, ou pas, des moments de vie. Dans la rue, ou ailleurs.
Le documentaire "Dans le coeur des vivants" nous plonge au cœur de l’humain, à la rencontre de toutes ces personnes qui oeuvrent à combattre l’exclusion et l’abandon, pour réhabiliter une existence malmenée, voire même, carrément oubliée.
L’accompagnement de ces hommes et femmes dans leur dernière demeure, est aussi une façon d'affirmer dans la dignité, des vies, enfin reconnues.