Joseph Niel, descendant d’une illustre et célèbre famille de Muret en Haute-Garonne, est un homme qui a rompu avec une tradition familiale militaire et politique pour s’engager à travers la littérature. Ecrivain et poète, son œuvre est imprégnée de son engagement pour la langue occitane.
Quand on est de Muret, on est du pays des grands hommes. De ceux qui ont marqué l’Histoire : Clément Ader, père de l’Aviation, Vincent Auriol, président de la IV République, Nicolas Dalayrac, compositeur et Adolphe Niel, maréchal de France.
Muret, berceau des grands hommes
Muret sous-préfecture de la Haute-Garonne, a ainsi vu naître en 1802, Adolphe Niel, maréchal de France du Second Empire, et aussi ministre de la guerre de Napoléon III.
La famille Niel, ancienne famille de la bourgeoisie française, s'est installée à Muret au domaine de Brioudes au XVIII siècle.
Le domaine de Brioudes et sa forêt sont des lieux bien connus des muretains, une base de loisirs où ils vont se promener, faire du sport, passer un moment en famille. Mais que savent-ils de son histoire ? De l'époque où c'était encore une propriété privée occupée par la lignée des Niel ?
Aussi, les deux derniers occupants du domaine de Brioudes ont été Joseph et Louise Niel, les enfants du député Charles Niel, qui fut également maire de Muret de 1882 à 1896.
Joseph Niel (1883 – 1954) : un homme de lettres
Joseph Niel, est né à Muret en 1883. Issu d'une grande famille qui s’est illustrée autant dans des carrières militaires que politiques. Petit-neveu du maréchal de France Adolphe Niel, il est le fils d’un député-maire bonapartiste de Muret et d’une mère issue de la noblesse provençale et légitimiste. Sa voie semble alors toute tracée, pourtant il va rompre avec la tradition familiale et se consacrer à la littérature.
Ses textes sont peu connus du grand public, ils sont aujourd'hui consultables aux archives départementales de la Haute-Garonne, à l'antenne du Comminges, à Saint-Gaudens.
Joseph Niel est décédé à Muret le 5 janvier 1954, le journal Le Petit Commingeois, dans son édition du 28 février 1954, publie alors un hommage intitulé : Joseph Niel, le félibrige en deuil.
Le charme de ses vers pleins de douceur, mêlés d'une prenante mélancolie, comme ces soirées d'automne qui voient les coteaux et les rives de Garonne.
A.B - OurmièresLe Petit Commingeois du 28 février 1954
Ses textes ont été collectés par l'Escolo deras Pireneos, à la fois une société d'études philologiques et une école de diffusion et de sauvegarde de la langue gasconne. Cette école félibréenne a œuvré dans la collecte de textes des Pyrénées centrales, de Muret au Val d'Aran. C'est à sa dissolution en 1999, que ses fonds ont été transférés aux archives départementales de la Haute-Garonne.
Joseph Niel a beaucoup écrit en occitan. Voici les deux premiers vers du poème "Subre un vièlh tème" (Sur un vieux thème) :
Demòra, parpahòl, una ròza es florida
Dins mon ôrt embaumat.
Reste donc, papillon, une rose est fleurie dans mon jardin parfumé.
Une œuvre imprégnée de son engagement pour la langue occitane
Ecrivain, s’adonnant particulièrement à la poésie, il s’engage pour la langue occitane dans le mouvement félibréen, et adhère au Félibrige de Fréderic Mistral. Il devient ainsi défenseur de la lenga nòstra. Joseph Niel apparaît au cartabèu du Félibrige en 1934. Il sera nommé mèstre d’obro en 1942 et assurera les fonctions de sous-syndic de la maintenance de Gascogne-Béarn. Il fondera aussi à Muret en 1935 le groupe vocal, du "Castet de Garono".
Admiratif de l’œuvre de Lamartine dont il s’inspire, son œuvre littéraire est surtout empreinte de poésie. Il s’est présenté plus d’une fois au concours poétique de l’Académie des Jeux Floraux, la plus ancienne société savante d’Europe, vieille de 700 ans.
Sept siècles d'héritage
L'Académie des Jeux Floraux de Toulouse, vient de fêter cette année ses sept siècles d'héritage de poésie française et occitane. A cette occasion, une conférence était organisée en mars dernier sur la vie et l'œuvre de Joseph Niel. Une équipe de l’édition occitane de France 3 y était pour y rencontrer les félibres : Georges Passerat et Christophe Marquez. Ce dernier est l'auteur du livre "Joseph Niel, un poète et son temps", un bel hommage à ce poète méconnu et fervent défenseur de la langue occitane.
Je voulais que l'œuvre de Joseph Niel ne sombre pas dans l'oubli.
Christophe Marquez, auteur du livre "Joseph Niel, un poète et son temps"
Le félibre Christophe Marquez, est aussi directeur du Musée Clément Ader de Muret : le musée Clément Ader et les Grands Hommes. C'est là que lui est venu son intérêt pour la famille Niel, une famille bien connue à Muret, mais aussi dans la région, comme à Toulouse avec cette réalisation majeure du Second Empire, le palais Niel. Agé de plus de 150 ans, ce dernier est en cours de rénovation : le palais Niel, les bâtiments annexes (les anciennes écuries, l'ancien piquet de cavalerie) et le mur d’enceinte.
De sa passion pour la famille Niel et de ses recherches sur Joseph Niel, est né l'ouvrage de Christophe Marquez : "Joseph Niel, un poète et son temps".
Son livre, est une biographie du poète muretain et le récit d’une saga familiale, il est disponible au musée de Muret.
On y apprend, par exemple, que quelques anciens muretains se souviennent encore de Joseph Niel, mort en 1954. Ils se remémorent sa haute silhouette sortant du fiacre qui l'emmenait, ainsi que sa sœur, à la messe de l'église Saint-Jacques de Muret.
