Des visages, des histoires et des parcours de vie occupent les 26 tentes du centre ville toulousain

En plein centre ville de Toulouse, la mairie a compté : il y aurait 26 tentes. Toutes sont occupées par des hommes, des femmes et des enfants qui ont fui leur pays d'origine. Qui sont-ils ? Eléments de réponse.

Quand on vit à Toulouse, ou même qu'on y passe une journée, impossible de ne pas croiser une tente, installée sur un trottoir, à la vue de tous. En fait il y en aurait 26 en tout. Ces tentes vertes, en plein centre ville, sont bel et bien habitées. En majorité par des réfugiés en attente d'une réponse à leur demande d'asile. Et parfois, l'attente est longue.


Sokol et Majlinda... 

Sokol et Majlinda sont mariés. Il a 25 ans, elle a 26 ans. Tous les deux sont nés en Albanie, comme leurs deux filles. Mais leur troisième enfant, lui, va probablement naître en France. Majlinda est enceinte.

Elle et son mari s'auto-définissent comme "Gypsies". D'autres les appellent "les Roms", "les Gitans" ou encore "les gens du voyages". Si la confusion est commune, leur histoire est parfois méconnue. Ces personnes sont souvent victimes de racisme, d'un racisme violent en Albanie. C'est le cas de Sokol. Ce jeune demandeur d'asile montre volontiers les blessures, les cicatrices, les marques de violences sur son corps. Plus précisément sur son bras et sur son pieds.
Pour se protéger et protéger sa famille, le couple a décidé de fuir l'Albanie et de se réfugier en France. Depuis deux mois, Sokol et Majlinda ont installé une tente, leur maison à tous les quatre, sur un trottoir du quartier Saint-Cyprien. 
 

Leur demande d'asile leur a été officiellement délivrée le 5 septembre 2019 après un premier enregistrement à la préfecture le 26 juillet. Elle sera valable jusqu'au 4 mars 2020. Pour justifier son histoire, Sokol est convoqué à Paris. Ce jour là, il revient d'un rendez-vous chez une assistante sociale qui lui donne son billet de train. Parce que l'argent est rare, et qu'un billet de train coûte cher. Les deux demandeurs d'asile expliquent, avec leurs mains, avec des gestes ... que les passants sont généreux, ils leurs permettent de manger. On leur propose souvent de la nourriture, mais jamais (ou peu) d'argent directement.  


... Et leurs filles, scolarisées

Ce jour là Margarita et Maniola reçoivent un repas de la part d'un passant. Deux menus de chez Mcdonald's. Les fillettes, contentes et joviales, mangent puis jouent, devant leur tente.
 

Leurs parents précisent avec insistance, s'assurant que le message est bien passé, pour eux cette information parait très importante : leurs filles sont scolarisées. Elles vont à l'école de Saint-Cyprien.


Cette famille risque de devoir rentrer en Albanie

Si cette famille est à la rue, c'est parce que les centres d'hébergement des demandeurs d'asile sont pleins en France. 

En Occitanie, en 2015, il y avait 1,4 places en hébergement pour 1 000 personnes âgées de 20 à 59 ans d'après un rapport du préfet de la région.
Selon la Cimade, le dispositif d’accueil dédié aux demandeurs d'asile compterait environ 103 000 places alors que le nombre de demandeurs d’asile en cours d’instance, bénéficiant des conditions d’accueil serait de 140 939 en décembre 2018. Sokol, Majlinda, Margarita et Maniola n'ont donc pas d'autre choix que de dormir dehors ou plus précisément, dans leur tente verte. 

La décision de la France leur sera donnée lors d'un entretien d'une trentaine de minute à l'Ofpra (office français de protection des réfugiés et apatrides), à Paris. Mais pour les Roms, cette décision est souvent la même : la demande est rejetée et ils doivent rentrer chez eux. C'est ce qu'explique l'avocat spécialiste des personnes sans papiers, maitre Benjamin Francos.

Le problème est politique. Personne, aucun pays ne veut voir débarquer des groupes de Roms demander l'asile.


L'Albanie figure sur la liste des pays sûrs. C'est ce qui rend les demandes d'asiles des Roms albanais plus difficiles, la majorité est refusée. Cette liste est établie par l'Ofpra. Quand la demande est rejetée, le dernier recours est la CNDA (Cour nationale du droit d'asile). Mais là encore, les demandeurs en provenance de pays déclarés sûrs sont pénalisés puisque leur recours n'est pas suspensif. En d'autres termes, en attendant leur recours à la CNDA, ils peuvent être renvoyés chez eux. 

Pourtant les Roms sont victimes de discriminations en Albanie, pas comme ils peuvent parfois l'être en France. La bas, ils sont victimes de violences, de vendettas, et de la loi du Kanun, précise maitre Benjamin Francos.


Cette famille de Roms, fuyant l'Albanie où elle subissait un racisme violent, devra probablement retourner chez elle, après avoir vécu quelques mois dans une tente à Toulouse, à la vue de tous.   
 
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