En 2021, Toulouse a célébré les 100 ans de la naissance du photographe Dieuzaide et ses 60 ans de photographie. Pour l’occasion, une grande rétrospective a été organisée au couvent des Jacobins au mois de décembre dernier.
Une exposition "Jean Dieuzaide, 60 de photographies" était organisée à Toulouse en décembre dernier à l’occasion des 100 ans de la naissance du photographe et des 60 ans qu'il a dédié à son art.
Grande figure occitane, il est le créateur de la toute première galerie publique de France consacrée à la photographie : la Galerie du Château d’Eau à Toulouse.
Le photographe toulousain Jean Dieuzaide aurait eu 100 ans en juin 2021. Il était né le 20 juin 1921 à Grenade-sur-Garonne et mort le 18 septembre 2003 à Toulouse.
Dieuzaide, grand photographe
Des clichés iconiques de Jean Dieuzaide, on en a tous en tête comme cette très célèbre photo de Dali :
Ce cliché, comme d'autres connus, par exemple la "Petite Fille au Lapin", ou la "Gitane du Sacromonte", il ne les a pas réalisés à Toulouse mais pendant des voyages à travers l’Espagne, ou encore le Portugal et la Turquie d’où il a ramené nombre de portraits d’hommes et de femmes sur lesquels il a porté un regard humaniste.
Occitan et Toulousain, avant tout
La photographie, c'était sa vie, sa passion. Toulouse c’était sa ville.
C’est à Toulouse et dans la région qu’il a constitué la plus grande partie de son œuvre. C’est dans sa ville rose, que Jean Dieuzaide crée en 1974, la galerie du Château d'Eau, un lieu entièrement dédié à la photographie.
La toute première galerie publique de France consacrée à cet art, qui mettait Toulouse au centre de la photographie en France, et même au-delà…
Le Château d’Eau fut inauguré avec une exposition des œuvres de Robert Doisneau. Depuis lors, Le Château d’Eau, centre d’art consacré à la photographie contemporaine propose des expositions de photographes aussi bien confirmés qu’émergents, français ou internationaux.
Certaines photos de Dieuzaide, sont connues dans le monde entier, lui qui avait choisi de toujours rester à Toulouse. D’ailleurs il se faisait appeler « Yan », c’est-à-dire Jean en occitan gascon. Il était à travers ses photos une sorte de chroniqueur de la vie toulousaine.
Dieuzaide, son engagement
Jean Dieuzaide a œuvré toute sa vie à la reconnaissance de son art.
Il fait partie très tôt, dès 1946, de plusieurs cercles de photographes. Membre fondateur du Groupe Libre Expression, afin de promouvoir une photographie moderne et avant-gardiste, il s'investit dans les rencontres de Lure à Lurs. Il s'implique aux côtés de l'équipe fondatrice des Rencontres internationales de la Photographie d'Arles.
Il travaille sans relâche dans l’exercice de son métier de photographe, mais aussi à la reconnaissance de celui-ci.
Son engagement est aussi humaniste, il posait un regard documentaire sur la société contemporaine toulousaine, occitane, française et étrangère.
Disparu en 2003, Jean Dieuzaide demeure aujourd'hui encore le seul photographe titulaire des deux prix Niepce et Nadar, présentés comme le Goncourt ou le Renaudot de la photographie. Son œuvre est estimée à près d'un million de négatifs.
Dieuzaide, son œuvre
Certaines photos de Dieuzaide sont connues dans le monde entier, elles représentent des portraits, des anonymes ou des célébrités, Jean Giono, Boris Vian ou encore Doisneau. Il a même réalisé l'un des premiers portraits officiels du général de Gaulle.
Photographe complet, il touchait à tout : au quotidien, à l’abstrait, aux paysages. Dans les années 1960 il s'était lancé dans la photographie publicitaire et industrielle. Entre 1960-1970, il réalise un grand nombre de clichés sur la vie industrielle.
Le sport, la culture, la politique, l’agriculture, l’urbanisme, la culture, des événements privés, publics, des natures mortes, des commandes publicitaires…
En 60 ans Dieuzaide a réalisé plus de 600 000 clichés. Une grande partie de son œuvre, un fond très important, 500 000 pièces sont aux archives de la mairie de Toulouse.
Jean Dieuzaide, « Yan » Jean en gascon
Jean Dieuzaide a longtemps signé ses photos de son nom en occitan : Yan. Car Dieuzaide parlait couramment occitan.
L’émission Viure al País du dimanche 10 avril 2022 vous propose de le découvrir dans des images d’archives où il s’exprime en patois du Gers. En 1983, Maurici Andrieu avait longuement interviewé l’artiste, une interview dont nous vous proposerons plusieurs extraits.
Il nous parlera de son parcours, de son engagement, de son œuvre… et nous contera quelques anecdotes.
Ainsi, quand il doit jouer les équilibristes pour "La noce sur un fil", mariage de funambules place du capitole en 1954.
Le père de la jeune fille me dit : « si tu es gonflé, tu peux monter sur mes épaules ». Quoi ? La jeune fille est montée avec cette échelle, échelle de corde. Et bien entendu, le dernier c’est moi. Tout le monde est là, en place, sauf le photographe. Mais cette p… d’échelle, je ne connaissais pas moi une échelle de corde. Je pose le pied là et poum ! Le pied qui s’en va. Macarel ! Et tout le monde qui est là. Le Rolleiflex pendu à l’épaule, il me faut monter non pas avec les pieds, ce n’est pas possible…
Jean Dieuzaide
Cette émission diffusée dimanche 10 avril à 10h 45 sur France 3 Occitanie est entièrement dédiée à la photographie, vous pourrez y découvrir aussi le portrait d’une jeune ariègeoise : Alice Traisnel qui est à la fois photographe, ethnologue et linguiste.
A lire, sur le blog occitan de France 3, un article concernant le reportage de Viure al País consacré à Alice Traisnel : Rencontre avec une photographe d'aujourd'hui.
Cette émission est à revoir sur le replay de france.tv