Environ 300 personnes ont réclamé samedi devant sa prison à Lannemezan (Hautes-Pyrénées) la libération de Georges Ibrahim Abdallah, un "révolutionnaire libanais" anti-israélien incarcéré depuis 30 ans pour complicité dans l'assassinat d'un Américain et d'un Israélien
Georges Ibrahim Abdallah a été condamné à la perpétuité à Lyon en 1986 pour complicité dans l'assassinat de deux diplomates, l'Américain Charles Ray à Paris, et l'Israélien Yacov Barsimentov à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) : l'arme des deux crimes, un pistolet 7.65, lui appartenait.
"Prisonnier politique de l'impérialisme français"
Brandissant des banderoles qui qualifiaient le détenu de "prisonnier politique de l'impérialisme français" et appelant à sa "libération", les manifestants portaient des drapeaux palestiniens, du PCF et du NPA notamment.
"Georges Ibrahim, tes camarades sont là", scandaient les protestataires, réunis devant la grille de la prison dans une ambiance pacifique, et encadrés par quelquesdizaines de membres de forces de l'ordre.
"Cela fait trente ans. Basta, c'est de l'acharnement"
"Cela fait trente ans. Basta, c'est de l'acharnement", a accusé Suzanne Lemanceau, du Collectif national pour la libération du Georges Ibrahim Abdallah.
"A cause de ses convictions anti-sionistes et anti-impérialistes, les Etats-Unis et l'État français font tout pour qu'il reste en prison", a ajouté Mme Lemanceau, une des rares à avoir un droit de visite.
"Il va bien car c'est un résistant", a-t-elle dit à l'AFP, en référence à sa dernière rencontre avec le détenu il y a un mois environ.
La militante a par la suite lu une déclaration du prisonnier écrite dans sa cellule.
"Ce sont de très longues années, humainement insupportables... Mais votre mobilisation, camarades, a participé à démasquer l'acharnement judiciaire. A bas l'impérialisme et ses chiens de garde sionistes", dit le texte.
Il s'était livré le le 24 octobre 1984
Le Libanais est en prison depuis le 24 octobre 1984, quand il est entré dans un commissariat lyonnais, demandant à être protégé des tueurs du Mossad qu'il pensait sur ses traces.
Devenu au fil des ans l'un des plus vieux prisonniers en France, il est éligible depuis plusieurs années à une libération conditionnelle. Mais huit demandes ont déjà été rejetées. Le tribunal d'application des peines doit se prononcer le 5 novembre sur une neuvième demande de libération. Qu'elle soit positive ou négative, le parquet ou le détenu ont tous deux promis de faire appel, selon son collectif
de soutien.
Le poids des Etats-Unis
Les diplomates tués "avaient chacun une famille, qui ressent encore cette perte tous les jours", a récemment déclaré le porte-parole de l'ambassade des États-Unis à Paris, Mitchell Moss.