Passionnés et professionnels du vol libre ont rendez-vous à Saint-Hilaire en Isère pour la coupe Icare cette semaine. Parmi eux, le dernier fabricant français de parapentes, Nervures, installé à Soulom dans les Hautes-Pyrénées, qui résiste à la concurrence asiatique.
Nervures, c'est le dernier, le seul concepteur-fabricant de parapentes en France. Ils étaient une dizaine il y une quinzaine d'années. Si les concepteurs sont restés dans l'hexagone, la fabrication s'est peu à peu délocalisée en Asie, où les coûts de main-d'oeuvre sont bien moins élevés.Nervures produit 400 voiles par an (contre 2 à 3000 dans une usine asiatique) et emploie 12 personnes. Fondée par Xavier Demoury et Jean-Louis Darlet il y a 20 ans, elle est un acteur historique du vol libre en France. Ses créateurs ont en effet contribué notamment à l'écriture des normes d'homologation des voiles. Une homologation qui n'est pas légalement obligatoire mais qui est indispensable pour entrer sur le marché.
Un parapente, c'est "un objet complexe, une immense cathédrale de toile" explique Xavier Demoury. Une voile est en effet constituée au minimum de 600 pièces à coudre et assembler à la main. 2/3 du prix (environ 2000 euros pour une voile seule chez Nervures) est celui du coût de la main d'oeuvre. Et là, la France ne peut rivaliser avec l'Asie. Car assembler un parapente est plus long que fabriquer une voiture.
Comment l'entreprise pyrénéenne, implantée à Soulom a-t-elle réussi à survivre tout en continuant la production de parapentes made in France ?
En soutenant sa production avec l'activité du bureau d'étude
Nervures fabrique ses voiles, certes mais en conçoit aussi beaucoup pour d'autres. Elle met au point des parapentes, des parachutes, et bien d'autres objets aérodynamiques pour des civils et des militaires. Les ingénieurs de Nervures réalisent aussi des études dans "des domaines parfois très éloignés du vol libre" selon Jean-Marie Bernos, le gérant de l'entreprise. Ces conceptions amènent dans les caisses de l'entreprise des redevances de conception.Par ailleurs, si l'outillage classique de l'industrie textile est très largement employé par les fabricants de parapentes (machines à coudre notamment), il n'existe pas de machines pour cette industrie de niche. Nervures a donc conçu ses propres appareils (réglages et contrôle des suspentes notamment). Des outils qu'elle revend à d'autres fabricants et qu'elle utilise pour son service après-vente. Un SAV très apprécié de ses clients, les voiles doivent, en effet être régulièrement révisées, comme pour une voiture.
En transformant les contraintes en marque de fabrique
Pour rester concurrentiel, Nervures a choisi de se spécialiser dans des voiles simples, nécessitant moins de pièces à assembler et de travail à effectuer. Pour cela, les concepteurs doivent redoubler de travail pour garder une performance exigée par les pratiquants. De fait, l'entreprise a fait de cette simplicité sa marque de fabrique. Des voiles légères (parfaites pour se déplacer en montagne), faciles d'utilisation. La marque a même lancé il y a quelques années le concept de mini-voile qui connaît aujourd'hui un grand succès.