L'artiste déborah de Robertis comparaissait jeudi 25 juin devant le tribunal correctionnel de Tarbes pour exhibition sexuelle. En 2018, elle s'était montrée nue devant la Grotte du sanctuaire. Une amende de 2.000 euros a été requise. Le jugement a été mis en délibéré au 6 août.
L'après-midi du 31 août 2018, l'artiste de 36 ans s'était dénudée, les mains jointes et la tête recouverte d'un voile bleu, à l'entrée de la Grotte du sanctuaire où, selon la tradition catholique, la Vierge Marie était apparue à Bernadette Soubirous en 1858. Des personnes étaient intervenues pour cacher sa nudité et avaient appelé la police.
Un acte d'exhibitionnisme
Le sanctuaire avait alors porté plainte, condamnant "un acte d'exhibitionnisme qui a choqué les fidèles présents", lié à une démarche "prétendument artistique". Pour l'artiste il ne s'agît que d'une performance visant à faire réfléchir sur les modèles féminins.
Performance artistique ou pas ?
Devant le tribunal correctionnel de Tarbes, d'après nos confrères de l'AFP, l'avocate de Déborah de Robertis, Maitre Marie Dosé, a insisté sur l'absence de caractérisation de l'infraction d'exhibition sexuelle, s'interrogeant sur la compétence d'un tribunal pour juger une performance artistique. Elle a demandé la relaxe pour sa cliente.
Les juridictions pénales ne sont pas là pour décréter qui est artiste ou qui ne l'est pas. La liberté d'expression ne doit pas supporter d'ingérence disproportionnée.
Lors de ses réquisitions, le procureur a demandé une amende de 2.000 euros contre l'artiste, estimant que "la loi s'applique à tout le monde". "Ce n'est pas parce qu'on se pare de la liberté d'expression ou d'un cadre artistique qu'on peut se dédouaner de la rigueur de la loi", a-t-il affirmé. "Choquer pour un artiste peut être quelque chose de militant. Est-ce que pour autant cela le dédouane de respecter la loi? Absolument pas", a-t-il insisté. Le jugement a été mis en délibéré au 6 août.
Faire de son corps une arme
Changer de regard sur le corps des femmes, c'est le leitmotiv de Déborah de Robertis. Sur son compte Facebook, l'artiste revient sur cette audience devant le tribunal correctionnel de Tarbes :
Moi ce qui me « choque » c’est bien cet homme derrière son uniforme de juge et son apparente objectivité qui part encore du principe bien établi que j’aurais imposé la vue de mon « corps agresseur »
Une artiste jugée à plusieurs reprises
Déborah de Robertis a déjà été jugée à plusieurs reprises pour exhibition sexuelle, notamment après une performance similaire au musée du Louvre, près du tableau de "La Joconde".
Elle a été à chaque fois relaxée.
Elle a également fait l'objet de rappels à la loi en 2014 et 2016 pour deux actions dénudées au musée d'Orsay, où elle avait imité les tableaux "L'origine du monde" de Gustave Courbet et "Olympia" d'Edouard Manet.