Des religieux et des fidèles se sont rassemblés ce samedi 6 novembre au sanctuaire de Lourdes (Hautes-Pyrénées). Ils se sont recueillis en hommage aux victimes de pédocriminalité.
Evêques, prêtres, responsables d'ordres religieux et quelques fidèles ont "fait mémoire" aux victimes de pédocriminalité, samedi à Lourdes, en se recueillant devant une photo et en organisant une prière de repentance au sanctuaire.
"Ici, ensemble, rassemblés pour recevoir le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase), nous voulons marquer ce lieu de Lourdes pour un premier témoignage visuel qui fera mémoire de tant de violences, de drames et d'agressions", a déclaré Hugues de Woillemont, porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF).
Une photo montrant une sculpture représentant une tête d'enfant pleurant a été dévoilée.
Scellée au mur de l'hémicycle dans lequel se réunit l'épiscopat, elle préfigure la construction d'un "lieu de mémoire", décidée en mars par les évêques, mais dont les modalités n'ont pas encore été définies.
La photo a été prise par une victime et un texte sur "la violence subie" et la "souffrance" de cet enfant a été lu par une autre victime, Véronique Garnier, qui participe régulièrement aux travaux avec l'épiscopat et participe à l'assemblée plénière de la CEF qui se tient jusqu'à lundi.
"Petit enfant", "qui vous a entraîné dans son secret honteux ? Qui a fait de vous sa chose ?", a interrogé Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, tandis que Véronique Margron, présidente de la Corref (ordres religieux), a dénoncé "la parole interdite, dehors comme dedans" des enfants victimes.
Les 120 évêques, qui n'étaient pas vêtus de leurs habits liturgiques à la demande des victimes, les religieux, prêtres et laïcs se sont ensuite rendus sur l'esplanade de la basilique Notre-Dame du Rosaire, où, après la sonnerie du glas, ils ont participé à une prière de pénitence, certains à genoux, demandant "pardon à Dieu".
"J'ai vécu ces moments avec beaucoup d'émotion", a déclaré Mme Garnier, à l'issue de cette cérémonie, soulignant qu'il était important de "nous rendre justice".
La colère d'une victime
Au contraire, une personne se présentant comme victime, enfant, d'un prêtre appartenant à la congrégation des pères de Bétharram, implantée près de Lourdes, a lui, crié sa "colère", sur l'esplanade. "La repentance, c'est pipeau", a dénoncé Jean-Marie Delbos, 75 ans, affirmant ne pas être entendu par l'Eglise. Il a réclamé devant la presse que son prédateur, "revenu dans sa communauté, soit sanctionné et défroqué". Véronique Margron est venue à sa rencontre.
Vendredi, sous la pression des victimes et du rapport de la Ciase qui a jeté une lumière crue sur l'ampleur du phénomène de pédocriminalité dans l'Eglise catholique depuis soixante-dix ans, les évêques ont reconnu officiellement la "responsabilité institutionnelle" de l'Eglise et leur caractère "systémique".