Au Pic du Midi (Hautes-Pyrénées), la pollution lumineuse est en diminution grâce au travail de nombreux acteurs locaux sur le terrain. Le résultat est visuel avec un ciel plus dégagé en pleine nuit, et financier car certaines communes réduisent leurs coûts d'éclairage public.
Sous-estimée ou méconnue, la pollution lumineuse représente un enjeu considérable pour la vie nocturne dans les Pyrénées. Exemple dans le secteur du Pic du Midi, où les parties prenantes (municipalités, Observatoire ou syndicat départemental) investissent pour réduire cette pollution et redonner au ciel l'obscurité qui le caractérise la nuit.
Une technologie intelligente qui ajuste l'éclairage public
Dans le cadre d'un tout premier congrès organisé par la réserve du ciel étoilé du Pic du Midi mercredi 27 septembre, l'expérimentation menée dans la commune de La Mongie (Hautes-Pyrénées) risque d'être saluée. Comme 250 villes autour du Pic du Midi, cette municipalité s'est engagée à réduire sa pollution lumineuse. Accompagnée par d'autres acteurs locaux, elle s'est équipée d'un système expérimental qui permet d'adapter la lumière en fonction des saisons et de la météo.
"C'est un principe qui fonctionne avec une technologie GSM (Global System for Mobile Communication) à distance" présente Matthieu Baheu, du syndicat départemental d'énergie des Hautes-Pyrénées. "On peut régler à 50% la puissance de la lanterne ou à 20% sur des périodes plus calmes. On a aucune limite. Il faut juste estimer les scénarios à l'avance."
Le gain est double. D'abord, d'un point de vue environnemental. "Le masque lumineux de l'éclairage perturbe l'objet d'études de l'astronome autour des étoiles" rappelle Nicolas Bourgeois, directeur-adjoint du Pic du Midi et l'un des instigateurs de ce projet de réduction lumineuse. Pour lui, l'accès aux étoiles permet "d'interroger notre place dans l'univers", et le risque est "de perdre la nuit comme milieu naturel : un trésor extraordinaire".
Résultats instantanés et financiers
Autour de lui, l'éclairage est figé à 20% de sa capacité : "c'est largement suffisant". Il se satisfait des efforts entretenus depuis trois ans, date du début de cette expérimentation. "C'est la seule pollution qui, lorsqu'on agit dessus, a un résultat instantané" martèle-t-il, satisfait de "voir cette nuit et ses étoiles revenir".
La technologie testée permet également de réduire de 50% les dépenses énergétiques d'une commune selon Éloise Deutsch, chargée de mission pollution lumineuse au Parc national des Pyrénées. "Entre 2019 et 2022, les zones de bonne qualité ont doublé grâce à l'extinction des communes" ajoute-t-elle.
Éloise Deutsch insiste également sur les risques du surplus de la lumière pour la faune. "Deux tiers des invertébrés et un tiers des vertébrés vivent partiellement la nuit" compte-t-elle. "Leur espace de vie est donc perturbé." L'animal le plus touché : la chauve-souris. "Une étude montre que certaines des espèces étaient impactées. Ça peut modifier leur comportement et mêmes les isoler" remarque la spécialiste.
En plus du congrès de mercredi, le Parc national des Pyrénées organise lui la Fête du ciel étoilé à partir du vendredi 29 septembre 2023. Nouvelle illustration que la préservation du ciel est bien une priorité.