Pédocriminalité dans l'Église : le projet de mémorial des victimes à Lourdes dans le flou

La création d’un mémorial des victimes et de leur souffrance est l’une des recommandations de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase). Évoqué au printemps dernier, le projet au sein du sanctuaire de Lourdes (Hautes-Pyrénées) est au point mort.

"Nous ne savons pas du tout où cela en est. Rien n’a été retravaillé avec nous depuis notre proposition. Le projet est au point mort", déplore Olivier Savignac, du collectif Foi et résilience. Ce projet est celui d'un mémorial des victimes et de leur souffrance, dont l'installation pourrait se faire au sein même du sanctuaire de Lourdes (Hautes-Pyrénées). L'initiative va revenir sur la table lors de l'assemblée plénière de la Conférence des évêques de France, début novembre à Lourdes (Hautes-Pyrénées). Une réunion au cours de laquelle seront abordées les 45 recommandations du rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église) rendu le 5 octobre 2021.

Un projet travaillé depuis 2018

Le chantier a été lancé dès novembre 2018 par la Conférence des évêques de France, à l’issue d’une rencontre avec des personnes victimes, actant la création d'un groupe de travail sur la démarche mémorielle. Plus de deux ans après, en février 2021, le collectif de victimes de prêtres pédophiles "Foi et résilience", ayant travaillé à ce groupe de travail, propose la création d'un "pavillon mémorial pour les victimes d'abus sexuels perpétrés dans l'Eglise."

Avant même le rendu des conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église, plusieurs diocèses, dont celui de Toulouse, ont fourni des "éléments de réponses" à leurs prêtres pour les aider face aux révélations. La création d'un mémorial à Lourdes y est écrite noir sur blanc. Mais le rapport et les préconisations de la Ciase ont provoqué une véritable déflagration au sein de l'Église.

La déflagradation du rapport de la Ciase

Acté en mars dernier par la Conférence des évêques, ce mémorial au sein du centre de pélerinage des Hautes-Pyrénées semble de plus en plus incertain. Avant de prendre toute décision, "l’idée est tout d’abord de prendre connaissance de ce qu’il y a dans le rapport. Il est trop tôt pour dire sous quelle forme. Il y a des points encore à discuter et à trancher. Le poids du rapport nous amène à nous interroger sur ce qui a été prévu" explique à France 3 Occitanie le service communication de la CEF.

Même son de cloche au sein du sanctuaire de Lourdes. "Il y a une attention réelle sur le sujet mais nous ne pouvons pas nous avancer, répond le service communication du centre de pélerinage. Aucun lieu n'est identifié au sein du sanctuaire et nous n'avons d'ailleurs toujours pas la certitude que ce mémorial se fasse à Lourdes. Le projet est à naître et est de la responsabilité de la Conférence des évêques".

Un absence de consensus

"Il y a une grande difficulté à passer de la parole aux actes" constate Olivier Savignac pour le collectif Foi et résilience qui s'étonne que "le dialogue n'est pas rétabli sur ce dossier". Autre problème : cette volonté mémorielle ne fait pas consensus chez les victimes. "Après le rapport de la Ciase, la question de l'indemnisation va être sûrement le premier point abordé par l'Église, mais elle ne pourra pas faire l'économie d'une décision concernant le devoir mémoriel" estime Olivier Savignac.

"D'ici un mois, début novembre, à Lourdes, nous essaierons déjà de poser un geste avec les personnes victimes" a confié au quotidien La Croix, Mgr Luc Crepy, président du Conseil de prévention et de lutte contre la pédophilie de la Conférence des évêques de France (CEF).

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