Les stations des Pyrénées connaissent une belle saison avec un manteau neigeux très important. Mais les particules de sable du Sahara tombées ces derniers jours pourraient bien les contrarier. La neige fondrait avec plusieurs jours d'avance et les risques d'avalanche augmenteraient. Sans parler des risques pour la santé des personnes fragiles.
Comme souvent à pareille époque, les Pyrénées et autres massifs montagneux sont victimes du coup de Sirocco avec des tonnes de sables venues du Sahara donnant un côté café-crème au manteau neigeux. Des concentrations parfois de l'ordre de près de 10 grammes par m2 dans certains secteurs des Alpes du sud. Et dans les Pyrénées, des centaines de millier de tonnes de sable.
Le coup de Sirocco
On ne parle pas ici du film d'Alexandre Arcady racontant l'exil des Pieds-Noirs à la fin de la guerre d'Algérie, mais plutôt de la migration des sables maghrébins vers les sommets montagneux pyrénéens.
Le phénomène est récurent. Il était déjà intervenu l'année dernière en février. Pour autant, le coup de Sirocco reste assez rare… en moyenne tous les 5 à 10 ans. Le Scirocco est un vent qui nous vient du Sahara, le désert situé au nord de l’Afrique. Lorsqu’il souffle plus fort que d’habitude et qu’il est associé au vent d’Autan dans notre région, il charrie avec lui du sable. Sur l'ensemble des Pyrénées et des Alpes, cet épisode météorologique se quantifie en centaines de milliers de tonnes de sable.
Conséquence : la fonte prématurée des neiges
Il y a en effet des conséquences… Elles sont étudiées depuis l’an dernier par deux laboratoires : l'un à Grenoble qui analyse le sable et l’autre à Toulouse qui observe par satellite le déplacement des poussières : le CESBIO ( centre d'études spaciales de la biosphère). Ils montrent qu’il y a un impact important sur la fonte des neiges. En effet, ce sable qui recouvre le manteau neigeux, accentue la température et provoque un espèce d'effet de serre. C'est un peu comme si on portait un tee-shirt noir en plein soleil.
Les deux laboratoires estiment que ce phénomène météorologique avance de deux semaines la fonte de la neige sur nos massifs. Il aurait aussi une incidence sur les risques d'avalanches. Ces scientifiques avaient décidé en 2021 de lancer une campagne de science collaborative en demandant à des bénévoles de collecter des échantillons de neige pour les analyser.
150 échantillons collectés entre 1 000 et 3 000 mètres d’altitude ont ensuite été confrontés aux modèles de prévision d’enneigement de Météo-France.
Les simulations ont permis de mettre en évidence un effet majeur des dépôts de sable saharien sur: l’accélération de la fonte des neiges hivernales, et la disparition précoce du manteau neigeux au printemps. Pour l'expliquer simplement, lorsque la neige est "assombrie", plus elle absorbe les rayons du soleil (comme notre fameux tee-shirt noir!), plus elle fond rapidement. Selon cette étude, dans le massif de la Haute-Bigorre (Hautes-Pyrénées) à 2 400 mètres d’altitude, les dépôts de sable auraient avancé la date de fin de la saison d’enneigement de 22 jours par rapport à une saison classique en 2021.
Même en fondant, la partie sableuse de la neige ne part pas. Le sable continue de réchauffer le manteau blanc et perturbe sa stabilité en accentuant le risque d'avalanches.
Dernier effet : des risques sur la santé. Ces phénomènes de brumes sableuses peuvent avoir les mêmes effets que des pics de pollution atmosphérique. Ces poussières peuvent être nocives pour la santé et provoquer des irritations et des problèmes respiratoires chez les personnes fragiles.Pyrénées sable