"Aujourd'hui, c'est le ski qui nous fait vivre" : la nouvelle présidente des domaines skiables de France prête à relever le défi du changement climatique

Une femme à la tête des Domaines skiables de France, c'est une première. Directrice générale adjointe du premier exploitant des stations de montagne des Pyrénées, Anne Marty a été élue lors du congrès annuel de ce 2 octobre 2024. Voici les défis qu'elle entend relever. Entretien.

Environnement, santé sécurité au travail et solidarité, voilà les enjeux majeurs de la nouvelle présidente des domaines skiables de France, fraîchement élue. De retour du congrès annuel qui s'est tenu à Reims, Anne Marty a accepté de répondre à nos questions et de nous donner sa vision de l'avenir pour l'économie du ski en France.

France 3 Occitanie : quel est votre objectif en prenant la tête des domaines skiables de France ?

Anne Marty : Le premier défi, c'est lié à la diversité des stations adhérentes. On a des stations de haute altitude qui sont les vaisseaux amiraux. Et puis, on a de toutes petites stations, mais qui ont un impact économique très important sur leur territoire. Le sujet majeur, c'est d'arriver à faire avancer tout le monde sur des sujets majeurs comme l'environnement, la santé sécurité au travail.

Pour arriver à accompagner efficacement nos adhérents, nous mettons en place un pôle RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) avec une commission environnement, une commission santé sécurité au travail et une commission solidarité qui va permettre, sur le principe de l'entraide villageoise, à des stations, qui sont mieux "staffées" et qui ont du personnel permanent, de donner la main aux petites stations. Les petites stations, c'est la première approche du ski. En termes d'impact sur un territoire, c'est phénoménal et important.

France 3 Occitanie : comment gérer les conséquences climatiques sur vos activités ?

Anne Marty : Nous, on va continuer à travailler dans l'intérêt de la montagne. Sur les domaines skiables, il y a 19.000 salariés directs.  Quand on prend le premier cercle de l'écosystème avec les socioprofessionnels, les restaurateurs, les loueurs, on passe à 120.000 personnes. Pour ce qui concerne l'économie pyrénéenne, c'est 10.000 emplois.

À LIRE AUSSI : SKI ET CLIMAT. Rapport sur l'avenir des sports d'hiver : les stations catalanes voient rouge

On nous parle d'adaptation, mais aujourd'hui l'économie de la montagne, elle repose sur le ski. C'est le ski qui fait vivre la montagne. Avant le ski, l'exode rural avait commencé en montagne. Et si le ski n'était pas là, si cette économie de la montagne n'était pas là, je peux vous assurer qu'il n'y aurait plus aucun rire d'enfants dans les cours d'école de nos stations de ski pyrénéennes.

Aujourd'hui, le ski, c'est ce qui nous fait vivre. Et aujourd'hui, on travaille à de la diversification, à renforcer l'attractivité des territoires sur d'autres saisons.

Nous ne sommes pas du tout climatosceptiques. Nous sommes conscients du réchauffement climatique et nous faisons tout pour préserver nos montagnes et limiter nos impacts. Notre réel enjeu, il est là. Et dans tout ce que nous faisons, nous le pensons sous l'angle de la sobriété.

France 3 Occitanie : comment voyez-vous les années qui arrivent ?

Anne Marty :  Il y a plusieurs stations en France qui, aujourd'hui, peuvent porter l'investissement. Et cette année d'ailleurs a été une année record concernant les investissements sur les remontées mécaniques.

Concernant les salariés, une enquête menée en 2023 sur les domaines skiables de France a révélé que pour beaucoup, la saisonnalité était un choix. Et on est sur un taux de reconduction de 80% (saisonniers qui reviennent d'une année sur l'autre). Mais, on est en recherche de solutions pour fidéliser le plus possible nos salariés, créer des postes pérennes.

Aujourd'hui, il y a une réelle appétence des pour la montagne et la fréquentation de nos domaines qui est au rendez-vous dans tous les massifs. Quelle que soit la taille de la station, dès lors que le ski est possible, que la neige est là, c'est une ruée. Notre vraie fierté, c'est celle-là. De dire que grâce à cette activité, on ancre durablement des habitants sur des territoires. Moi qui suis une rurale dans l'âme, une Aveyronnaise, c'est ce qui m'anime.