Dans les Pyrénées-Orientales, les professionnels des stations de sports d'hiver ne décolèrent pas après deux rapports de la chambre régionale et de la Cour des comptes qui dénoncent une mauvaise anticipation du changement climatique et ses conséquences sur la pratique du ski. Voici la réaction des différents acteurs économiques et politiques du secteur.
Après la publication de deux rapports de la chambre régionale et de la Cour des comptes pointant du doigt l'inadaptation des stations de ski des Pyrénées au changement climatique, les professionnels catalans ne décolèrent pas.
Durant quatre quatre jours, des enquêteurs de la Cour des comptes sont venus à Font-Romeu dans les Pyrénées-Orientales, pour interroger les acteurs du secteur. Un travail dont les conclusions, communiquées au mois de mars dernier, ont fait bondir Jacques Alvarez, le directeur de la station de sports d'hiver.
Ce rapport-là, on ne le vit pas très bien. On trouve qu'il est très sévère et qu'on est confronté à des personnes qui ne nous apportent aucune solution pour vivre demain, ici, dans notre montagne catalane.
Jacques Alvarez, directeur de la station Font Romeu-Pyrénées 2000
Niveau d'enneigement insuffisant en 2050
La Cour des comptes épingle les exploitants sur leur manque de prise en compte du réchauffement climatique et ses conséquences sur l'enneigement, jugeant que : "en 2050 (...) aucune station des Pyrénées ne serait en mesure de disposer d'un niveau d'enneigement suffisant en bas des pistes. Or, le bas des pistes est une donnée déterminante (...) : elle correspond au point d'entrée des skieurs sur les pistes".
Rapport contre rapport
Les professionnels, eux, préfèrent s'appuyer sur une autre étude : celle d'un consortium baptisé Climsnow et qui compte, parmi ses experts, les prévisionnistes de Météo France, comme l'explique Michel Poudade, le maire (SE) des Angles et président des stations des Neiges Catalanes.
C'est une étude qui nous dit que nous devons continuer à investir et c'est bien ce que nous comptons faire, puisque jusqu'à l'horizon de 2050, nous aurons de la neige toujours en montagne.
Michel Poudade, maire (SE) des Angles et président des stations des Neiges Catalanes
La neige de culture en question
Reste que l'enneigement, à l'avenir, sera de plus en plus issu de neige de culture. Et certains acteurs politiques ont déjà pris position. Ainsi, la Région Occitanie ne financera pas de projet lié à la production de neige artificielle.
Nous avons peut-être 5, 10, 20 ans pour accompagner cette mutation. Mais il faut commencer dès aujourd'hui. L'enneigement artificiel est une mal adaptation aux enjeux qui nous impactent.
Agnès Langevine, vice-présidente de la Région Occitanie déléguée au Climat, au Pacte vert et à l'Habitat durable
Des visions différentes de l'avenir de la montagne
De leurs côtés, Les Ecologistes, par la voie de David Berrué, voient dans le rapport de la Cour des comptes l'occasion de briser un tabou : "aujourd'hui, le Département investit des dizaines de millions d'euros pour changer des télésièges à Formiguères et Porte Puymorens. Avec ces 10, 20, 30 millions d'euros, qu'est-ce qu'on aurait pu faire pour préparer le territoire au jour où il n'y aura plus les stations de ski ?"
Sollicité, le conseil départemental des Pyrénées-Orientales n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. De leur côté, les exploitants des stations de ski ont interpellé le président de la Cour des comptes pour corriger le rapport sur la Montagne, qu'ils jugent erroné.
Écrit avec Céline Llambrich et Frédéric Savineau.