"Cartographier la présence de tiques et les risques de transmission de maladies", un vaste programme de recherche dans les Pyrénées

Pour évaluer et anticiper les risques de la présence des tiques dans les Pyrénées, l’INRAE, les laboratoires des Pyrénées et des Landes, l’Université de Saragosse et l’Institut basque NEIKER pilotent un projet de recherche pionnier, appelé PyrTick. Un projet cofinancé par l’Union européenne.

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La maladie de Lyme est transmise par les tiques. En France, le nombre de cas annuels est estimé à 50.000. Dans les Pyrénées, il n’existe pas de données précises, on sait cependant que leur présence en altitude est plus importante qu’auparavant et qu’elles sont présentes plus longtemps au cours de l’année. Cette tendance méritait d’être objectivée et clarifiée. "Préciser ce ressenti pour mesurer les risques et mettre en place des préventions adaptées", explique Vincent Bourret, chercheur à l’INRAE.

Le projet PyrTick : une approche transfrontalière

Un projet de recherche PyrTick est cofinancé par le Fonds européen de développement régional (FEDER). Il rassemble des experts espagnols et français dans le but de créer un réseau de recherche harmonisé entre les deux pays, située sur les deux versants des Pyrénées : "Nous allons avoir une méthodologie commune et optimisée pour cartographier la répartition des tiques et les risques de transmission de maladies sur la région pyrénéenne", précise Vincent Bourret.

Cette première phase de méthodologie a démarré au printemps dernier, le réseau de recherche est désormais opérationnel.

Recensement et cartographies

Le projet permet dans un premier temps de recenser systématiquement les tiques dans divers habitats des Pyrénées.

L’objectif est d’être en mesure d'anticiper le risque lié au tic et surtout aux maladies qu'elles transmettent, en cherchant à proposer des cartes de risque, donc essayer de spatialiser ce risque. "Ces cartes sont susceptibles d’évoluer au cours des années, selon les saisons et entre les années, selon le changement climatique", rajoute le scientifique Vincent Bourret.

Donc deux types de cartes de risque seront proposés : une saisonnière et une autre prédictive. Elles seront mises à la disposition des collectivités locales et de toutes les parties prenantes touchées par les maladies transmises par ces acariens.

Installation de sondes climatiques

Des sondes climatiques vont être déployées sur les différents points de collecte des sites des Pyrénées dans le but de corréler les données environnementales. Elles vont donner une vision de l’impact climatique sur la présence des tiques dans la région.

"Nous les laissons en permanence, sauf en hiver. Elles enregistrent la température et l’humidité, toutes les heures, tous les jours au fil des mois(…) les tiques sont des acariens très sensibles aux conditions d’humidité et aux températures, nous réalisons des collectes de tiques sur cette végétation, nous allons les confronter aux données de température et d’humidité et ensuite, nous établirons des échantillons, dans un certain nombre de sites, caractérisant toute la partie ouest des Pyrénées".

Étude du rôle de la faune

La faune a un rôle dans le cycle des agents pathogènes qui sont transmis par les tiques. L’un des plus connus est la maladie de la bactérie responsable de la maladie de Lyme.

"C’est une bactérie dont le réservoir se situe chez les rongeurs, chez les petits mammifères. C’est pour cela que l’on va travailler sur ces populations animales, voir si la bactérie est présente en capturant ces rongeurs. Constater ainsi le niveau d’infestation par les tiques et voir si ces tiques fixées sur les rongeurs portent la bactérie", précise Vincent Bourret.

Des prises de sang sont également effectuées sur les grands herbivores de montagne, les Isards ou les cervidés, les bouquetins, afin de mesurer l’infestation par les tiques. "Dans le cycle de vie des tiques, les grands herbivores sont des animaux très importants. Ils sont quasiment nécessaires à leur reproduction".

Prévenir des risques de piqûres : une question de santé publique

Toutes ces données récoltées vont permettre d’évaluer le niveau du risque selon les sites. Mesurer ainsi le risque d’une piqûre de tique et le risque de transmission de maladies.

"Nous allons faire de la prévention auprès des habitants, des éleveurs des personnes qui travaillent dans la forêt. Nous allons également tâcher de communiquer dans les écoles car les enfants peuvent être amenés à se déplacer dans des zones à risque. On pense aussi à faire de l’affichage, physique des cartes, des posters que l’on pourra mettre à la disposition des collectivités".

La maladie de Lyme commence à être connue. En France, on comptabilise 50 000 cas par an. Mais il y a d’autres agents pathogènes qui émergent, d’autres virus comme la fièvre hémorragique de Crimée- Congo .

Selon Vincent Bourret,  "Il n’y a pas de cas humains encore en France. À ce jour, c'est une maladie qui reste très rare mais dont on est sous la menace d’une émergence dans les temps avenirs. Une émergence qui aurait lieu par le sud du pays notamment par les Pyrénées, on peut la trouver dans la faune sauvage en Espagne".

Pour le moment dans les Pyrénées le plus grand sujet reste la maladie de Lyme en termes de nombres de cas.

Analyses des données et valorisation des résultats

Ces tiques prélevées sont échantillonnées, analysées afin de savoir si elles sont porteuses d’agents pathogènes. Dès que le nombre de tiques prélevé sera suffisant, commenceront les premiers lots d’analyse.

Une technique moléculaire réalisée par Le laboratoire de recherche Comportement et Écologie de la Faune Sauvage (CEFS), du centre INRAE Occitanie-Toulouse. Il contribue à l’analyse des données et à la valorisation des résultats grâce à des technologies de détection rapide et ultrasensible, ils alimentent les cartographies de PyrTick.

La phase d’échantillonnage très appuyée devrait durer entre 18 et 24 mois." Nous allons avoir un échantillonnage très intense, pour essayer de bien illustrer toute la variabilité de conditions, notamment climatiques, mais aussi de paysages. On s'intéresse aussi à la différence de risque entre les zones boisées et les zones plus ouvertes, par exemple de prairies".

Les premières cartes de ce projet de recherche sortiront courant 2027.

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