C'est une des nouveautés de la rentrée scolaire 2023. Les lycéens de Bagnères de Bigorre peuvent désormais passer un bac pro "transport par câbles et remontées mécaniques". Mais à l'heure du réchauffement climatique, peut-on vraiment parler de formation d'avenir ?
Un bac pro "transports par câbles et remontées mécaniques" a ouvert ses portes à la rentrée à Bagnères de Bigorre. À l'heure du réchauffement climatique, cette formation est-elle vraiment un métier d'avenir ?
Formation de niche
Le bac pro "transports par câbles et remontées mécaniques" peut désormais se passer dans deux lycées français, à Saint-Michel-de-Maurienne en Savoie et à Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées. La formation est née de besoins en compétence des exploitants des domaines skiables.
"C'est un métier méconnu et qui touche pourtant à la nature", explique Mostafa Fourar, recteur de l'académie de Toulouse. "C'est une formation de niche, et nous avons des enjeux locaux importants dans la région avec les stations de ski."Il y a actuellement 80 postes à pourvoir dans les stations des Pyrénées", précise Anne Marty, Directrice Générale d'Altiservice. "Tous les jeunes trouveront un emploi à la sortie, en CDI ou en contrat saisonnier pour l'hiver comme pour l'été".
Un métier d'avenir ?
Ce bac permettra de former en 3 ans, des jeunes à l'expertise du transport par câbles. Selon le recteur, "un métier d'avenir ". Il faut dire que les transports par câbles ont de plus en plus de succès en milieu urbain, à l'image du téléphérique inauguré à Toulouse entre l'Oncopole et l'hôpital de Rangueil : " Avec Domaine Skiable de France, nous avons élaboré le programme avec un pool d'enseignant afin que le transfert de compétence permette aux jeunes de travailler sur les téléphériques urbains. Et là il a de nombreux débouchés aussi", explique Anne Marty.
Mais les débouchés les plus importants sont liés aux stations de skis. Domaines Skiables de France, comptabilise "tous sites confondus, quelque 3000 remontées mécaniques, qui nécessitent ces compétences dans l'hexagone". Elles représentent 20% du parc mondial.
Des stations de ski en péril
Une étude publiée fin août dans "Nature Climate Change", n'est pourtant pas très optimiste concernant l'avenir des stations de ski en Europe, qui accueille 60% des skieurs de la planète. Le secteur est directement menacé par le réchauffement climatique et la raréfaction des flocons naturels.
Avec la trajectoire actuelle, qui prévoit un réchauffement à 3 degrés, 91% des stations de ski seront en péril si elles n'investissent pas dans les canons à neige. Samuel Morin, chercheur à Météo France et au CNRS de Toulouse estime que "les conséquences vont varier d'une région à l'autre".
Mais les Pyrénées connaissent déjà ces périodes de pénurie de neige : "Pour Altiservice, nous avons fait réaliser des études à l'horizon 2050", explique Anne Marty. "Ces études montrent qu'il n'y a pas de risque majeur dans les 30 prochaines années, peut-être une contraction des saisons. Nous sommes fiers d'avoir ce bac pro dans les Pyrénées. Il va donner du travail à toute une nouvelle génération."
Dans les stations de ski, les professionnels attendent de pied ferme les premiers alternants d'ici 3 ans. Et avec l'attrait du tourisme en montagne l'été pour trouver un peu de fraîcheur, les remontées mécaniques risquent fort de fonctionner encore quelques bonnes décennies. De nouveaux établissements pourraient ouvrir cette filière dans les prochaines années.