Après la publication d'un rapport de la Cour des comptes, le 6 février 2024, sur les stations de montagne face au changement climatique, les domaines skiables de France réclament des modifications. Opérateurs des remontées mécaniques et de domaines skiables évoquent erreurs, approximations et inexactitudes.
Une demande étayée a été officiellement adressée, le 14 mars 2024, à Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes. Les domaines skiables de France réclament une rectification de plusieurs mentions du rapport spécial de l'institution, publié début février, sur les stations de montagne face au changement climatique. "S’en est alors suivi un battage médiatique à charge contre les stations de montagne, car fondé sur des éléments en partie erronés", jugent les opérateurs des remontées mécaniques et des domaines skiables français.
Ce rapport jette injustement le discrédit sur tout une profession, nous avons décidé d’y répondre point par point, pour dénoncer les nombreuses erreurs, incohérences et méconnaissances qui le composent.
Alexandre Maulin, président des domaines skiables de France
Scores de vulnérabilité, viabilité à l'horizon 2050...
Les domaines skiables de France reprochent notamment à la Cour des comptes, "une appréciation indifférenciée de la situation des stations de montagne", qui va "à rebours des conclusions des scientifiques et d'une bonne partie des rapports individuels publiés par les Chambres régionales des comptes."
S'appuyant notamment sur l'exemple des Alpes françaises, les domaines skiables de France ne peuvent entendre que la Cour des comptes estime que "quelques stations pourraient espérer poursuivre l'exploitation au-delà de 2050." En effet, selon les publications scientifiques, "à +2°C, sur les 143 stations des Alpes françaises, seulement 10 auraient un fort risque de mauvais enneigement."
Autre point de grosse crispation : les scores de vulnérabilité établis par la Cour des comptes. Les domaines skiables de France contestent largement la méthodologie utilisée et les résultats obtenus.
Selon l'analyse de la juridiction financière, le modèle économique du ski français s'avère "à bout de souffle".
Exploitation, survie, modèle de l'Andorre
Répartition des exploitants par statut et typologie des stations posent également souci aux domaines skiables de France. Les délégataires privés sont présentés "comme des indélicats qui abandonnent les collectivités quand les choses tournent mal. Or ce n'est pas ainsi que les choses présentent", relèvent encore les opérateurs des remontées mécaniques et domaines skiables de France.
Dernier point soulevé : l'Andorre et des Dolomites en Italie, "montrés à tort comme des exemples de gestion intercommunale". La situation est en effet différente entre l'Andorre et la France. "Les remontées mécaniques y sont exploitées par des opérateurs privés sans intervention de la gouvernance publique que l'on connaît en France."
Résultat : parler d'intercommunalité et de fédération des stations de ski à une échelle plus large comme en Andorre ne colle pas.
Le 13 mars, la Chambre régionale des comptes d'Occitanie présentait à son tour l'analyse spécifique aux stations de ski des Pyrénées. "Au total, l’enquête menée par la CRC a permis d’approcher les problématiques de 17 des 38 domaines skiables des Pyrénées françaises", était-il alors précisé. Et parmi les recommandations en découlant : la Chambre régionale évoquait notamment la mise en place "des critères précis et mesurables compatibles avec des objectifs clairs et chiffrés" pour débloquer les aides publiques.