Stations de ski. "Un modèle à bout de souffle" face au réchauffement climatique

Le modèle économique des stations de ski françaises est mis à l'épreuve par le changement climatique, mettant en péril leur avenir. À travers un rapport présenté le 6 février 2024 la Cour des comptes alerte sur les conséquences désastreuses du réchauffement climatique sur l'ensemble du secteur, comme par exemple dans les Pyrénées.

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La France, terre de montagnes et de sports d'hiver, est depuis longtemps une destination de choix pour les amateurs de ski du monde entier. Avec ses domaines skiables et une infrastructure bien développée, le pays attire chaque année des millions de visiteurs en quête de sensations fortes et de paysages enneigés. La France se classe au deuxième rang mondial des destinations de tourisme hivernal derrière les Etats-Unis et le tourisme montagnard représente 22,4% des nuitées touristiques en France. Mais à la veille des vacances d'hiver, la Cour des comptes vient de rendre son analyse du modèle économique du ski français. Un "modèle à bout de souffle" selon la juridiction financière. Le changement climatique remet en cause la viabilité même des stations de ski françaises.

"A compter des années 2000, la diminution de l'activité ski et l'inadaptation croissante du patrimoine immobilier des stations ont commencé à fragiliser l'équilibre financier des remontées mécaniques et l'économie locale qui en découle pour partie", écrit la Cour des Comptes, même si les équipes comme ici au Plateau de Beille en Ariège tentent coûte que coûte ne continuer à "donner le change".

  • Depuis le début du XXIe siècle, le secteur du tourisme hivernal en France est confronté à un défi de taille : le changement climatique. Les températures en hausse et la diminution de l'enneigement ont un impact direct sur l'activité ski et fragilisent l'équilibre financier des remontées mécaniques, pilier essentiel de l'économie locale. En ce début d'année 2024, les Pyrénées connaissent un très faible enneigement. Les images relatant la situation se sont multipliées sur les réseaux sociaux.  Les données récentes montrent une tendance inquiétante avec une diminution progressive du nombre de journées-skieur, mettant en lumière les difficultés croissantes auxquelles sont confrontées les stations de ski françaises. "Toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées à l'horizon de 2050" et seules "quelques stations pourraient espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance", prévient la Cour. 
  • Face à cette situation, les acteurs du secteur tentent de s'adapter en misant principalement sur la production de neige artificielle et le développement d'activités de diversification. Cependant, ces mesures semblent insuffisantes pour contrer les effets néfastes du changement climatique.  Leur effet ne s'avèrerait efficace qu'à court terme car "son coût est important et son efficacité tend à se réduire avec la hausse des températures". Sans oublier "l'impact de la production de neige sur les ressources en eau" qui paraît "sous-estimé dans de nombreux territoires", souligne le rapport. Ainsi, deux études récentes estiment que le débit des rivières dans les Pyrénées pourrait diminuer jusqu'à - 20 % d'ici à la fin du siècle, en raison d'une fonte des neiges plus précoce, et d'un climat plus chaud et plus sec. 
  • Le financement public joue également un rôle crucial dans le maintien de l'activité des stations de ski. Les subventions publiques, représentant un pourcentage significatif du chiffre d'affaires des stations les moins rentables, risquent de devenir un fardeau croissant pour les collectivités locales. Parmi les possibilités de "ressources supplémentaires", le président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, évoque les prix des remontées mécaniques qui "sont chers mais moins chers que dans d'autres grands pays de ski" et les taxes qui "sont assez basses". Une réflexion urgente sur la réorientation de ces financements et sur la solidarité entre les différentes stations s'avère nécessaire, selon la juridiction, pour assurer une transition vers un modèle économique plus durable. De plus, la gouvernance actuelle du secteur, centrée sur l'échelon communal, montre ses limites en matière de coordination et de planification.

Enfin, le rapport épingle aussi "la planification écologique de l'Etat, peu opérationnelle pour le secteur touristique en montagne", qui "ne permet pas d'impulser une réelle dynamique de changement" et estime qu'il en est de même pour les régions. Un ensemble de constats loin de plaire au secteur des stations de ski.

Pour l'organisation d'exploitants Domaines skiables de France (DSF) et les associations nationales d'élus de la montagne (ANEM) et des maires de stations de montagne (ANMSM), le rapport "minimise de manière importante l'effort d'adaptation des stations engagé depuis de nombreuses années". 

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