Comme beaucoup de Français, Philippe Poncet souffre d'une maladie respiratoire : la BPCO (Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive. En permanence sous assistance respiratoire, il veut sensibiliser les pouvoirs publics sur cette maladie qui est la 4e cause de décès en France. Avec à la clé, le col d'Aspin dans les Hautes-Pyrénées.
C'est un véritable exploit que vient d'accomplir Philippe Poncet : 4 heures pour gravir le col d'Aspin, dans le département des Hautes-Pyrénées, malgré son handicap : la broncho-pneumopathie chronique obstructive BPCO.
Un chemin de croix
Mercredi, il fait lourd dans les Pyrénées comme partout dans le sud de la France. Avec un groupe d'amis et dans les roues de l'ancien cycliste professionnel Claudio Chiappucci, Philippe fait preuve d'un immense courage.
Pour un sportif, gravir le col d'Aspin est une épreuve ; pour lui, c'est plus qu'un défi physique à la maladie. Il ne dispose que de 20% des capacités pulmonaires depuis qu'il est atteint de BPCO stade 4 (sévère). Il s'entraîne régulièrement, possède un très bon cardio, mais il vit sous assistance respiratoire en permanence. "C'est juste pour stabiliser une saturation pour éviter de tomber par terre. Le reste, c'est le physio global qui le fait, l'entraînement et la tête."
Avant de redescendre sur Lourdes, il va donc vivre un véritable chemin de croix, cherchant son souffle, perturbé en plus par l'effort et la chaleur. En temps normal, tout effort entraîne une difficulté pour respirer, même le simple fait de manger. Un médecin l'accompagne dans son périple et hisse jusqu'au sommet les réserves d'oxygène. Des recharges à remplacer régulièrement lors de la montée. "Le niveau de stade qu'il a de gravité ça correspond à une personne qui est dans son fauteuil toute la journée et qui a quasiment du mal à manger tellement l'énergie de digestion lui prend de l'énergie respiratoire et avec ce même niveau de déficit pulmonaire, Philippe est capable de monter un col, affirme le Dr Jean-Jacques Roux. Les 1489 m d'altitude ne lui font pas peur.
Un champion pour l'aider
Beaucoup de coureurs avant Philippe Poncet ont attrapé des sueurs lors de l'ascension du col d'Aspin. C'est un passage presque obligé pour le Tour de France, encore cette année lors de la 6e étape et à 55 reprises. L'ancien champion Claudio Chiapucci l'a franchi en tête à 2 reprises. C'était en 1990 et 1991. Il est admiratif de l'exploit réalisé par Philippe. "On connaît l'histoire de la souffrance, de l'air qui manque quand tu es à fond. Lui, il est un peu à fond même s’il monte tranquillement."
Le champion italien est là pour l'aider, l'encourager pour ce défi d'exception. Après cet exploit qui défie la médecine, le champion du jour a été accueilli par le régional de l'étape : Bruno Armirail.
1 Million de malades en France
La maladie de ce cycliste n'est pas rare. À travers ce défi sportif, Philippe Poncet veut attirer l'attention sur la vie des patients et leur prise en charge. 1 million de malades diagnostiqués en France. Ce serait même la 4e cause de décès en France. "C'est une pathologie qui existe depuis trop longtemps qui a été repoussée dans tous les coins et aujourd'hui c'est une catastrophe, la santé respiratoire c'est quand même la priorité des priorités, déclare le médecin. Il faut garder les images de l'ascension, car voilà ce que c'est la réalité de la vie au quotidien d'un malade qui est en survie."
En France, 5 à 10 % des personnes de plus de 45 ans ont une BPCO. Dans plus de 80 % des cas, la principale cause est le tabagisme. La Haute-Autorité de Santé estime à 17 000 le nombre de décès causés par cette pathologie.
Benoît Roux avec Régis Cothias