Sans eau, sans électricité, perdues (ou presque) dans les montages des Hautes-Pyrénées, les granges foraines attirent toujours plus d'acheteurs. Depuis l'épidémie de coronavirus, ces biens atypiques s'arrachent.
A l'époque elles servaient à stocker le foin et à abriter les animaux. En quelques décennies, la fonction des granges foraines a bien changé. Sans eau courante ni électricité, elles se vendent toutefois comme des petits pains dans les Hautes-Pyrénées. Les agences immobilières du val d'Azun ne manquent pas de clients.
Les confinements successifs et l'envie de grand air ont poussé nombre d'habitants des grandes villes, au pouvoir d'achat élevé, à sauter le pas. Résultat : le prix ont flambé de près de 30% par endroits.
"Le premier qui visite achète"
À Salles, un couple de retraités vient de trouver la perle rare après six mois de recherches. " On a acheté une première grange en 2002 et c’était très simple. Cette fois, on a décidé de louer une grange en attendant de pouvoir en trouver une à acheter. Il n’y a pas une quantité faramineuse de granges à vendre. En général, le premier qui visite achète. C'était notre cas." Après cet achat le couple doit désormais penser aux travaux, car hormis le charme des pierres, la grange est à nu. Il prévoit donc 150.000 euros de budget et plus d'un an de rénovation.
" On a pour projet de rénover la grange mais sans dénaturer l’aspect extérieur. On est amoureux de ce bâti pyrénéens. Le but est de vivre plus ou moins en autonomie avec des panneaux solaires pour l’électricité et un puits." Comme pour la majorité des granges, le raccord au réseau d'eau courante et à l'électricité n'est pas possible.
Des granges à 100.000 €
En général, ces granges servent de résidences secondaires mais certains en font leur maison principale. Au-delà des travaux, habiter au pied des montagnes avec vue sur le pic du Midi a un prix : de 50.000 à 100.000 euros en agence. Ce qui n'empêche pas les acheteurs de se ruer sur les premiers biens à vendre.
Les annonces de granges partent entre 5 heures et deux jours
Frédéric Beugin, agent immobilier
Climat agréable, emplacement et commodités idéaux, à Argelès-Gazost (Hautes-Pyrénées), entre l'aéroport de Tarbes et la gare de Lourdes, beaucoup de citadins décident de télétravailler depuis les hauteurs. " Les annonces de granges partent entre 5 heures et deux jours", lance Frédéric Beugin, agent immobilier.
Mais cette frénésie a tendance à saturer le marché immobilier local. " On a le même problème que dans le pays basque. Les locaux avec un salaire modeste vont avoir du mal à acheter et à rester ici. Ça complique l’installation des jeunes et des primo-accédants locaux."
Il faut savoir que ce patrimoine pyrénéen est encadré par des règles d'urbanisme, comme la Loi montagne datant de 1985. Depuis cette date, les bâtiments agricoles inutilisés peuvent être restaurés en tant que résidences secondaires. Dans les Hautes-Pyrénées, la préfecture a publié un guide de la procédure d'aménagement des granges foraines. Pour préserver le caractère patrimonial du bâti et l’activité pastorale, l'arrêté préfectoral autorise seulement l'usage saisonnier des granges.