Il se vantait d'avoir tué 200 hérissons sur l'année et publiait sur les réseaux sociaux des vidéos de recette pour les manger... Un homme vient d'être condamné, le 3 août 2024, par le tribunal de Bayonne à six mois de prison ferme. Un jugement qualifié de "juste" par l'une des associations, partie civile dans cette affaire.
Le braconnier d'Ibos, dans les Hautes-Pyrénées, aurait dû se faire bien plus discret. Ses publications sur les réseaux sociaux vantant sa "chasse" et son goût pour le hérisson grillé vont lui coûter six mois de prison ferme. "Un signal fort, comme quoi tuer une espèce protégée, ça peut coûter cher", estime Dominique Portier, représentante de France Nature Environnement dans les Hautes-Pyrénées.
"Il faisait ça parce qu'il s'ennuyait"
La FNE 65 est l'une des associations qui s'est portée partie civile dans ce dossier traité par le pôle régional environnement du tribunal judiciaire de Bayonne. Et le premier argument défendu par les associations, c'est tout simplement que le hérisson est une espèce protégée.
Protéger le Hérisson c'est avant tout respecter l'animal. C'est un animal sauvage et protégé dont la détention et les soins sont strictement encadrés.
— 🦔 Erinaceus France (@ErinaceusFrance) January 2, 2020
Si vous voulez le protéger, il faut commencer par éviter de partager certaines images dégradantes et respecter la réglementation. pic.twitter.com/hZk4OYUjIu
Et puis, il y a le profil du braconnier. "Il s'est vanté d'avoir tué 200 hérissons sur l'année, c'est énorme", raconte Dominique Portier qui, à l'audience, a défendu l'idée d'une condamnation à des travaux d'intérêts généraux "de façon à ce qu'il ne s'ennuie plus".
Mais le tribunal est allé bien au-delà de cette demande, condamnant le braconnier à de la prison ferme et à verser 6900 euros aux cinq associations de protection de l'environnement.
C'est une personne insolvable qui ne s'arrêtera pas. Je pense que la juge a pris cette décision pour faire en sorte qu'il comprenne bien que c'est interdit. Qu'on ne tue pas une espèce protégée parce qu'on s'ennuie.
Dominique Portier, représentante de la FNE 65
À l'audience du 21 juin, le parquet avait, de son côté, requis huit mois de prison avec sursis contre l'homme âgé de 35 ans pour avoir tué au moins 44 hérissons d'Europe.
Pourquoi faut-il protéger le hérisson ?
Le hérisson d’Europe est un mammifère intégralement protégé en France au titre de l'article L411-1 du Code de l'environnement. Il figure à ce titre dans l'arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection.
🦔 Espèce protégée depuis plus de 40 ans, le #hérisson se fait de plus en plus rare. Ce mammifère est menacé par de nombreux dangers : trafic, pesticides, prédateurs, feux de branchages et tondeuses...
— Fondation Brigitte Bardot (@FBB_Officiel) June 5, 2022
👉Voici quelques conseils pour aider les hérissons https://t.co/dAC5QPzIdy pic.twitter.com/GoiKXDBQr7
"Il est donc interdit de détruire, capturer, mutiler, enlever ou perturber intentionnellement les hérissons dans leur milieu naturel. Leur détention, transport, naturalisation, commerce (vente ou achat) et utilisation sont strictement interdits", rappelle la LPO.
Ils sont menacés sur les routes, par les travaux de jardinage, des pesticides, la modification de leur biotope... Leur population décline assez rapidement.
Dominique Portier de la FNE 65
Selon les associations, le hérisson aurait déjà disparu de certains départements français. "Nous, on en a encore. On doit les protéger, faire en sorte que cette espèce survive dans de bonnes conditions", rajoute la représentante associative. Et certainement pas les chasser pour ensuite le griller au barbecue, même si c'est une tradition dans certaines communautés.