Dans les Hautes Pyrénées, l'association Accept lance un projet innovant avec son tout premier camion d'écoute et d'information. En luttant contre la haine et les violences, ce centre mobile vise à offrir un espace bienveillant et sans jugement aux communautés LGBT+ éloignées des villes, brisant ainsi le silence et les tabous en milieu rural.
Si Tarbes a connu sa première marche des fiertés en juin dernier, aucune association ne s’occupe directement des personnes LGBT+ dans les Hautes Pyrénées. Difficile dans ces conditions de trouver un lieu d’écoute ou même d’information pour un accompagnement face aux insultes, aux menaces ou tout simplement pour affirmer son orientation sexuelle.
Face à ce manque, l’association Accept, basée à St Gaudens, dispose désormais d’un petit camion destiné à sillonner les routes de la Bigorre et du Comminges. "Ce véhicule vient donc combler un vide, un manque d’espace pour une écoute bienveillante et sans jugement" insiste la présidente d’Accept, Françoise Lanfant-Piquemal. L’association réalise déjà des permanences à Tarbes mais avec cette camionnette, elle va toucher un public plus rural, éloigné des villes.
"Il nous faut lutter contre le fléau de la haine et des violences"
Olivier Klein, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine LGBT est venu inaugurer cet équipement à Bagnères de Bigorre. "Le centre LGBT de Paris existe depuis 30 ans mais Marseille ne dispose d’aucun espace dédié, c'est dire si les disparités sont grandes. Le travail d’information à réaliser est immense" déclare le délégué interministériel. "Il nous faut lutter contre le fléau de la haine et des violences" insiste-t-il.
D’un point de vue pratique pour des discriminations sur l’orientation sexuelle, "les procédures judiciaires sont très rares" indique Bérengère Prud’homme, la procureure de la République à Tarbes. "Les plaintes se comptent sur les doigts de la main tant il est difficile d’établir et de caractériser ces infractions" précise la magistrate.
Ce camion est le premier centre mobile dans l’Hexagone. "Nous allons signer des conventions avec les mairies pour établir un calendrier de nos permanences. Il nous faut aussi trouver dans les communes, un lieu qui conjugue un peu de visibilité mais aussi de la tranquillité" détaille Françoise Lanfant-Piquemal.
Des bénévoles assurent l’accueil et peuvent réaliser des tests pour le dépistage du HIV, de l’hépatite C et D. "A la campagne, tout le monde se connaît. Pas toujours directement mais au moins de vue ou par des connaissances communes et on a peur du regard de l’autre, du quand dira-t-on". Ce véhicule permet ainsi de briser le silence et de discuter des orientations sexuelles même en milieu rural.