Mathias a 17 ans. Il est devenu tétraplégique le 14 décembre après avoir disputé un match de rugby à Tarbes (Hautes-Pyrénées). Un drame pour sa famille, ses camarades et le monde du rugby. Entretien avec Patrice Padroni, le président du club.
Un ancien joueur du RC Vannes, tétraplégique depuis 2010 après un placage. L'Australien, McKinnon, 22 ans, tétraplégique depuis 2014. Un joueur du club amateur de Roquefort, dans les Landes, tétraplégique depuis 2020.
Ces accidents sont récurrents dans l'actualité rugbystique, des professionnels jusqu'aux amateurs. Mathias Dantin, 17 ans, a rejoint cette triste liste alors qu'il disputait un match scolaire en décembre 2022 à Tarbes dans les Hautes-Pyrénées. L'adolescent a été plongé dans le coma. "La première phase sera de l'aider à respirer naturellement par de la rééducation respiratoire", explique son papa sur les réseaux sociaux.
Une vague de soutien
La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a apporté son réconfort aux proches du joueur.
"On est très touché par les messages, on a reçu tellement de soutiens de partout. Madame la ministre des Sports nous a envoyé un message... Mathias a été adopté il y a quinze ans, il vient de Colombie et il se sent plus français que jamais. Il voulait faire du rugby pour ça, pas pour finir comme ça", ajoute Jérôme Dantin, le père de Mathias.
Une cagnotte leetchi a été organisée pour la famille. "Continuez à lui dédier vos victoires, car lui comme vous, il est dans son match, et pour gagner tous les combats, au-delà du physique, il faut avoir le mental de la gagne", conclut Jérôme.
"Il y a trop de différences de niveau dans le sport en milieu scolaire"
Lors de ce drame, Patrice Padroni, le président du club de rugby, n'était pas présent, mais il épaule aujourd'hui la famille de Mathias. Romane Cans est professeure d'EPS. Nous avons échangé avec eux pour savoir si ces accidents pouvaient être évités, notamment dans le cadre scolaire.
Est-ce qu'il y a eu des manquements en termes de sécurité lors de ce match ?
Patrice Padroni : "C’est difficile de dire que si on avait pris telle ou telle disposition, il n'y aurait pas eu d'accident. C'est le principe même d'un accident, il y a un caractère non-maîtrisable. Il faut peut-être mettre plus d'encadrement au niveau de l'arbitrage à l'avenir. Il ne faut pas interdire les placages, mais s'assurer de la manière dont ils sont faits.
On va attendre les résultats de l'enquête, mais vous savez, ce sont des adolescents, ils oublient que le sport, c'est avant tout une notion de plaisir. Il faut laisser l'animosité dans les vestiaires."
Qu'est ce qu'il faudrait mettre en place à l'avenir ?
Patrice Padroni : "Moi, je fais confiance à l’Éducation Nationale pour intégrer les gestes de sécurité dans chaque sport, il faut se mettre autour d’une table pour que ce genre de drame n'arrive plus, ça jette un trouble dans le monde du sport.
Lors des matchs, il y a des niveaux trop différents en milieu scolaire, il faut gérer ce genre de situation, avoir plus de rigueur. Les jeunes, ils veulent copier le rugby de la télé. Ils recherchent la collision à tout prix, mais c'est quoi ce mot d'abord, on parle de voitures ? Non.
Les professeurs d'EPS sont ils suffisamment préparés pour éviter ce type d'accident ?
Romane Cans : "On a des formations, mais on ne les a pas pour tous les sports. On est plus ou moins spécialistes de telle ou telle discipline. Pourquoi la natation est le seul domaine où on est obligé de faire cours avec des maîtres-nageurs ? Ça devrait être le cas pour tout, avoir des spécialistes à nos côtés dans chaque sport.
Le vrai problème aussi, c'est qu'on a beau rabâcher les consignes de sécurité aux élèves, parfois, ils n'écoutent pas. On en revient au problème initial du système scolaire : nous avons trop d'élèves à gérer dans nos cours par rapport aux moyens dont on dispose.