Des Casques Bleus pour que les chefs d'entreprise ne restent pas seuls face aux problèmes. L'association, créée après le suicide d'un patron de PME en Bourgogne-Franche-Comté, étend son réseau de sentinelles sur l'ensemble du territoire national. C'est le cas à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées.
La mise en place du dispositif de sentinelles dans les Hautes-Pyrénées est en cours. Il devrait être totalement opérationnel début 2025. Mais l'accompagnement de chefs d'entreprise en difficulté a déjà commencé. Les Casques Bleus d'Occitanie sont des bénévoles. Chefs d'entreprise eux-mêmes, en activité ou retraité, leur mission consiste à répondre aux appels de détresse. "Un entrepreneur en difficulté a plus de facilité à parler avec quelqu'un qui connaît son problème ou qui l'a vécu", nous explique Espérance Gallardo, la référente des Casques Bleus à Tarbes.
Contrer "la fuite en avant"
Problèmes financiers, manque de moyens humains, chefs d'entreprise qui ont trop attendu parce qu'ils n'ont pas pu se rapprocher des bonnes organisations ou des bonnes administrations... "Un petit entrepreneur peut vite se retrouver seul et un petit peu perdu face aux difficultés, nous explique Espérance Gallardo. Il court. C'est la fuite en avant. Vite, je vais chercher un peu d'argent. Vite, je vais voir si je peux faire attendre mon fournisseur. Vite, vite, comment je vais faire avec l'URSSAF. Il court, il dépense toute son énergie à colmater toutes les difficultés qu'il rencontre. Et à un moment donné, il se retrouve dans une situation où il ne sait plus quoi faire."
Coach mental, formatrice et experte en qualité de vie au travail, Espérance Gallardo est déjà particulièrement sensibilisée à cette problématique de solitude des chefs d'entreprise qui peut mener à l'irréparable. Le dispositif des Casques Bleus a vu le jour après un drame en Bourgogne Franche-Comté : le suicide du patron d'une petite entreprise d'espaces verts. La CPME s'était pourtant mobilisée pour lui venir en aide. Tout est réglé, mais deux jours plus tard, il se pend.
"On s'est demandé ce qu'on avait raté. Tout allait bien, alors pourquoi ce geste ? La réponse, c'est qu'on avait loupé l'aspect psychologique pour le dirigeant", explique Caroline Debouvry. Depuis, la présidente des Casques Bleus France a noué un partenariat avec une association qui fournit une aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance. Et elle entend développer le réseau de sentinelles et de bénévoles pouvant apporter une première écoute et orienter ces petits patrons en détresse.
Un réseau de sentinelles et des organismes professionnels partenaires
Les Casques Bleus répondent aux appels à l'aide. Un binôme de bénévoles est alors chargé du premier contact avec le chef d'entreprise. Lui pose des questions afin de recueillir un maximum d'informations sur ses attentes. "Ensuite, on se voit avec tout le conseil d'administration et on fait appel à tous les organismes en disant voilà ce qui se passe, qu'est-ce qu'on peut faire pour lui ?", explique Espérance Gallardo.
Dans le conseil d'administration des Casques Bleus d'Occitanie sont impliqués des organismes comme la CPME, le MEDEF, mais aussi la fédération des banques. "On a été cherché des gens qui ont des postes en responsabilité pour pouvoir ouvrir plus facilement les accès, je dirais, et aider les entrepreneurs le plus vite possible." Et lorsque le conseil d'administration se réunit autour d'un cas, "tous les cerveaux se mettent en route en même temps et chacun va avoir sa partie. Si c'est financier, forcément, on va faire appel à la fédération des banques, à l'expert-comptable. Si c'est plutôt humain,
avec un problème avec des salariés, on va faire intervenir des médiateurs pour régler les conflits et ramener un petit peu de sérénité dans l'entreprise."
Les Casques Bleus activent différents leviers en fonction des besoins de l'entrepreneur. Si la personne est affectée psychologiquement, il lui est proposé d'avoir recours au service d'aide psychologique des entrepreneurs en souffrance aigüe. Un dispositif qui donne droit à cinq séances avec un psychologue certifié "pour essayer d'évacuer un petit peu tout ce stress et remonter la pente", dit Espérance Gallardo.
À Tarbes, l'association a déjà procédé aux premiers accompagnements de chefs d'entreprise en difficulté. Elle recherche encore des bénévoles pour étoffer son réseau de sentinelles. Une ligne de téléphone dédiée sera bientôt mise en place.