Comprendre le burn-out : symptômes, causes et solutions pour prévenir et mieux soigner le syndrome d’épuisement au travail

Le burn-out, syndrome d'épuisement professionnel, touche de nombreuses personnes, laissant derrière lui des traces indélébiles sur la santé mentale et physique. Des témoignages poignants de victimes comme Nadia, Christophe et Marc révèlent l'ampleur des dégâts. Le documentaire "Burn-out, les voies de la guérison" tire le constat : où en est-on de la situation aujourd'hui ?

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Qui n’a pas entendu parler ou peut-être même vécu ce phénomène de burn-out, autrement dit, ce syndrome d’épuisement professionnel qui se caractérise généralement par un état de fatigue émotionnelle, physique et mentale causé par un stress prolongé au travail. Mais concrètement, comment le définir ?

durée de la vidéo : 00h02mn45s
Christophe, Marc et Nadia ont fait les frais du burn-out. Ils se souviennent du jour où tout s'est arrêté. Ils racontent devant la caméra. ©French connection film et Drôle de trame

Patrick Légeron, psychiatre, pionnier de la gestion du stress dans les années 80 connaît bien le sujet. Il explique : "Le stress est un phénomène naturel. Chacun de nous connaît une situation de stress quand, par exemple, il est pris dans un embouteillage alors qu’il doit se rendre en urgence à un rendez-vous, lorsque son ordinateur est en panne, ou que son enfant a de la fièvre. Il s’agit d’un stress qui nous fait réagir de manière ponctuelle. On va alors avoir le comportement adéquat pour trouver les solutions et faire face à la situation".

En revanche, lorsque le stress persiste et devient chronique, le médecin parle alors d’étape " d’hyperstress" qu’il définit comme "l’antichambre du burn-out". À ce stade, les premiers symptômes arrivent et les risques s’amplifient. C’est là, où les voyants se mettent à clignoter. Avant l’ultime étape : l’effondrement : 

Le burn-out est la phase ultime du processus de stress.

Patrick Légeron


Nombreuses sont les personnes qui, aujourd’hui, en font les frais : "Santé publique France estime plusieurs centaines de milliers de cas par an" ajoute le psychiatre.

Tout au long du documentaire, plusieurs victimes de burn-out, comme Nadia, ex-directrice de communication dans une grande entreprise, Christophe, responsable de programmation pour une multinationale américaine ou Marc, ingénieur informatique, nous apportent leurs témoignages. 

Des "profils" à risques ?


Patrick Légeron explique "on s'est aperçu que certains profils psychologiques étaient beaucoup exposés au stress" : les gens extrêmement anxieux, perfectionnistes, les workaholic, ces accros au boulot qui ne peuvent pas s'en passer, les gens qui s'investissent trop dans le travail, ceux pour qui le travail représente tout et qui n'ont pas d'autres sources d'intérêt dans la vie". Il faudrait lui consacrer 1/3 de notre temps, pour être à l'équilibre.

"S'il ne s'agit pas de dire que les gens sont responsables de leur burn-out" explique le médecin psychiatre, "il s'agit de leur faire comprendre que la manière dont ils fonctionnent au travail, leur psychologie va jouer un rôle". Toutefois, d'autres facteurs existent :

Les 2/3 des causes du burn-out sont liés à l'environnement dans lequel on se trouve.

Patrick Légeron

Parmi les facteurs de risques environnementaux : la surcharge de travail : beaucoup de choses à faire et pas beaucoup de temps pour le faire, les collègues désagréables, un management défaillant, etc.

"Plus le temps passait, plus la charge de travail augmentait et je ne déléguais pas dans les meilleures proportions parce que j'avais besoin de beaucoup contrôler (...)" confie Nadia qui ajoute "ma variable d'ajustement, c'était l'amplitude horaire. À 20 heures, ça ne se terminait pas (...) J'apportais du travail chez moi".

"On m'a supprimé tout ce qui me permettait de m'épanouir au travail" explique Marc, tandis que Christophe raconte comment peu à peu, il a perdu son autonomie au travail. Il explique que son manager allait jusqu'à relire ses mails en décrétant un jour qu'il n'était pas fait pour ce travail alors qu'il avait créé ce job et acquis une reconnaissance mondiale.

Les premiers signes

Des douleurs thoraciques pour certains, intestinales pour d’autres. Maux de tête, douleurs d'épaules, problèmes de cervicales et ORL, etc. Les symptômes peuvent être innombrables et différents selon les personnes. Christophe raconte comment il se sent à ce stade : "Je suis de plus en plus fatigué, l’insomnie chronique s’est installée. Oui, je commence à faire de plus en plus de bêtises au niveau du travail".

"Lorsque le corps est soumis à un stress répétitif jour après jour, heure après heure, dans le cadre du travail, une hormone appelée cortisol est secrétée par l’organisme. Une exposition chronique au cortisol a toute une série d’effets négatifs" explique Mariah Stump, professeure adjointe de médecine à l’université Brown aux USA. "Par exemple, il augmente les fluctuations du taux de sucre dans le sang, ce qui entraîne une prise de poids. Le cortisol provoque un surmenage qui se traduit chez certaines personnes par une fatigue chronique ou sensation d’épuisement continu, même après des nuits de sommeil régulier et réparateur".

Nadia évoque ses troubles cognitifs :

J’ai commencé à vivre la dépersonnalisation, à me mettre en retrait, à ne plus avoir envie d’être avec les autres, à ne plus y trouver de plaisir et même à me sentir envahie par les sollicitations. Je ne me cachais pas les choses à moi-même mais en fait, je n’en voyais pas la gravité.

Nadia, victime de burn-out

"Je m’énervais très facilement (…) je n’arrivais plus à me concentrer et je perdais le fil de mes actions" explique Christophe qui commence à délaisser les choses qui lui font du bien. "J’avais des pleurs, des crises de pleurs" des choses que je ne connaissais absolument pas, raconte Marc.

Des signes dont généralement les victimes ne tiennent pas compte, minimisant la situation. Pourtant, de son côté, Christophe alerte son manager qui lui répond "T’es un mec quand même… Allez, tu vas dormir et demain ça ira mieux". 

Nadia, Marc et Christophe continuent à endurer la pression. Jusqu’au jour fatidique.

Le début de "la descente aux enfers"

"C’était un lundi, il pleuvait : le réveil sonne et là, je sens que je ne vais pas pouvoir me lever. Je ne suis pas du genre à me mettre en arrêt de travail, mais instinctivement, je sens que ça ne va pas être possible". J’appelle mon employeur pour prévenir que je ne serai pas là. Qu’est-ce qui m’arrive ? (…) Le monde va continuer à tourner sans moi et moi, je ne peux pas être au travail (…)".

Marc allait prendre l’avion, après avoir pris le petit-déjeuner et discuté avec ses collègues, il est pris de tremblements "ça s’est propagé sur l’ensemble du corps".

Je ne pouvais plus rien ingurgiter. J’avais l’impression que le cerveau était en mode pause. Mes journées ? Canapé, siestes. Je n’avais envie de rien, j’étais incapable de lire, ou d’aller sur internet.

Christophe, autre victime du burn-out

Et ce n’est que le début, explique Nadia. Dès lors, de longs mois d’arrêt de travail sont à venir. Aussi, les contours de ce phénomène sont encore flous, "les critères assez fragiles". Même si le burn-out a été identifié par les scientifiques et que des avancées sont à constater, pourquoi les victimes restent encore isolées et livrées à elles-mêmes ?

Le documentaire nous emmène aux USA où des chercheurs travaillent activement à prévenir le burn-out. Au Canada, par exemple, l’arrêt de travail étant financé par l’employeur, la santé psychologique au travail est devenue un enjeu majeur avec par exemple la création de métiers spécifiques au sein des entreprises pour prendre régulièrement le pouls des salariés et se tourner vers des solutions durables.

Si aujourd'hui, certaines entreprises en font leur cheval de bataille et mettent en place des actions dans le cadre de la prévention des risques psychosociaux, pourquoi le burn-out persiste-t-il encore ? Le documentaire nous emmène au sein de deux organismes privés et spécialisés en France, qui proposent des solutions alternatives pour soigner et "réparer" les victimes, mais qu’en est-il de la reconnaissance du burn-out en règle générale ? Quels sont les leviers dont on dispose aujourd'hui pour tendre vers une meilleure prévention et prise en charge ?

Documentaire "Burn-out, les voies de la guérison". Un film de Lorenzo Consolazione à voir le jeudi 31 octobre 2024 à 22h50 sur France 3 Occitanie. Écrit par Damien Muratel. Une coproduction France 3 Bourgogne Franche-Comté (FTV), French connection films et Drôle de trame.

À la suite de la diffusion, à suivre le débat sur la même thématique, présenté par Patrick Noviello entouré de ses invités.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information