PORTRAIT. Chanteuse d'opéra devenue fromagère, pour Chloé Lacroix « Il y a un lien entre le chant et les fromages »

Chloé Lacroix est née à Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées, à 8 ans elle fait partie d’un chœur d’enfants à Brive, à 14 ans elle monte sur sa première scène d’opéra. Aujourd’hui, elle a quitté sa vie d’artiste pour devenir crémière fromagère. Un chemin atypique.

« Il y a un lien entre le chant et les fromages » : Chloé Lacroix en est sûre « il y a le plaisir que l’on donne aux gens, les découvertes qu’on leur propose ». L’ancienne chanteuse lyrique ne regrette pas un instant sa vie d’avant, celle où elle montait sur scène bien sûr, celle, aussi, où il lui fallait passer, des auditions, être jugée et jaugée en permanence pour prouver que les années de conservatoire et son travail quotidien avaient fait d’elle une mezzo-soprano accomplie.

Bien sûr, il y a eu ces rôles qui l’ont enthousiasmé : Annio dans « la clémence de Titus » de Mozart, Gertrud dans Hänsel et Gretel. Et puis, en 2020 la préparation du rôle-titre de Carmen, l’opéra de Bizet. Mais elle ne l’interprétera jamais sur scène : le Covid, les confinements, tout s’arrête. C’est le moment des remises en question. Les théâtres sont fermés. Pas les commerces de bouche ; pour ne pas se morfondre dans son appartement parisien, Chloé Lacroix se fait embaucher chez un crémier, meilleur ouvrier de France, qui va tout lui apprendre de son art.  « Ce devait être transitoire mais je me suis passionnée pour ce métier ».

« Une décision qui m’a soulagée »

Elle décide que sa vie va changer et revient dans les Hautes-Pyrénées, se fait embaucher chez un crémier fromager à qui elle rachètera son commerce.

Il y a un mois à peine que je suis propriétaire des « Fromages de Chloé » à Tarbes. J’ai coupé net ma carrière, j’ai abandonné le lyrique, zéro regret !

Chloé Lacroix

Tout de même, en retrouvant Tarbes et la Bigorre, la jeune femme s’est peu à peu réconciliée avec le chant « j’ai été bluffée par les chants pyrénéens, ces personnes sans formation dans un conservatoire, qui savent harmoniser d’instinct et faire des polyphonies, ça m‘a touché j’ai appris à savourer ». Alors parfois lors de réunions familiales ou amicales, elle mêle sa voix au chœur entre la poire et le fromage.

Ecrit avec Pascale Félix France 3 Occitanie