Les syndicats représentant les 170 CRS sauveteurs en montagne demandent au ministre de l'Intérieur l'attribution d'une prime de risque mensuelle, après le crash d'un hélicoptère qui a fait cinq morts dont deux des leurs, il y a une semaine, en Savoie.
Dans un courrier remis à Gérald Darmanin en début de semaine, à l'occasion de l'hommage national aux victimes de l'accident de Chambéry, les syndicats "toutes tendances syndicales et origines géographiques confondues", ont demandé "une prime de spécialité".
Le brigadier chef Xavier Lumpert, délégué national du syndicat Alliance montagne et secouriste à la CRS de Lannemezan fait partie des signataires.
On ne parle pas de prime de risque mais plutôt d'une reconnaissance de la spécialité. On est conscient du risque de notre profession. Le problème, c'est qu'il n'y a pas d'équivalent, tous services confondus dans la police, en terme de prise de risques, de longueur de la formation et du nombre de décès.
44 décès en 60 ans
Le syndicat des CRS sauveteurs en montagne dénombre 44 secouristes décédés depuis le 25 juillet 1957, date de l'officialisation de la création des sections de montagne CRS au sein de la Police Nationale. Un taux de mortalité en opération de secours sans équivalent, même dans les effectifs du Raid ou des BRI (Brigade de Recherche et d'Intervention).
Depuis son intégration chez les CRS de montagne en 1990 dans les Alpes puis dans les Pyrénées, Xavier Lumpert a perdu 21 collègues.
"A chaque décès, les autorités nationales se déplacent, vantent notre engagement, nos qualifications, notre technicité, ils nous passent la pommade et après il ne se passe rien", regrette Damien Fillon, délégué syndical Alliance basé à Grenoble.
"On est moins payé qu'un CRS qui intervient dans les manifestations"
Dans le communiqué envoyé à Gérald Darmanin, les représentants syndicaux des CRS sauveteurs détaillent : "57 semaines d'une longue, éprouvante et technique formation sans qu'aucune reconnaissance ne vienne valider cet apprentissage. Comment cela est-il possible ? Notre incompréhension est totale. Pas de reconnaissance du statut de spécialiste pour les montagnards CRS dans la Police Nationale alors qu'en son sein même d'autres services en sont bénéficiaires."
Le brigadier chef Lumpert rajoute "on est moins bien payé qu'un CRS qui intervient dans les manifestations, lui a des frais de déplacements."
Une spécialité
Les syndicats des CRS sauveteurs revendiquent le statut de "spécialité", au même titre que le Raid et les démineurs et une prime mensuelle qui serait au même niveau, à savoir "entre 650 et 1 000 euros". Pour des salaires qui oscillent entre 2.200 euros net en milieu de carrière et 2.900 en fin de carrière.
Une prime "à l'étude"
L'entourage du ministre de l'Intérieur a indiqué que cette prime était "à l'étude". Les syndicats rappellent que ces policiers doivent suivre, outre les 53 semaines de formation sur 7 à 10 ans, les qualifications aux différents diplômes d'État (guide de haute montagne, spéléologie, canyon, escalade et ski), sans compter ceux qui deviennent officier de police judiciaire (OPJ, 6 mois de formation et un diplôme).