Le joueur du C.A. Lannemezan Cédric Rouch a été innocenté des accusations de racisme par la commission de discipline de la Fédération Française de Rugby. Il avait écopé d'un carton jaune en même temps qu'un joueur tarbais, au cours du derby houleux qui avait opposé les 2 clubs le 15 février dernier.
On l'avait baptisé "le match de la honte" : le 15 février dernier, le club de Tarbes Pyrénées Rugby (TPR) recevait le Cercle Amical de Lannemezan (CAL) pour le derby des Hautes-Pyrénées en Fédérale 1 de rugby.
Après une bagarre générale dès le coup-d'envoi, puis de nombreux autres incidents, l'arbitre avait distribué un total de 7 cartons rouges (et 3 jaunes) et la rencontre s'était terminée à 12 contre 11.
D'abord l'apaisement
En début de deuxième mi-temps une "chamaillerie" avait opposé le joueur de Lannemezan Cédric Rouch au joueur tarbais Marvin Woki, entraînant l'avertissement des deux protagonistes.Dans un premier temps les deux clubs avaient choisi de jouer l'apaisement, leurs présidents respectifs tenant une conférence de presse commune suivie d'un communiqué officiel reconnaissant des torts partagés.
[COMMUNIQUE OFFICIEL]
— Stado TPR - OFFICIEL (@StadoTPR) February 19, 2020
Le Président du @StadoTPR, Lionel TERRE, et les Co-Présidents du @calannemezan, Jean Philippe DASTUGUES et Bernard DUCLOS ont souhaité se réunir afin de revenir sur le derby houleux opposant les deux clubs.
Voici le communiqué ? https://t.co/eOnzB5g9bP pic.twitter.com/PBcsbqY8vJ
Début mars la commission de discipline de la FFR a prononcé des sanctions contre les deux équipes : des suspensions pour certains des joueurs et les 2 entraîneurs, et 2500 € d'amende pour chaque club.
De part et d'autre l'attitude adoptée a été d'accepter ces sanctions et de ne pas faire appel.
Entretemps toutefois, un fait nouveau a jeté un éclairage différent sur l'incident du début de deuxième mi-temps : quelques jours après le match, le Tarbais Marvin Woki accusait son adversaire dans la bagarre d'avoir proféré des insultes racistes contre lui.
Ces accusations ont été relayées sur internet, provoquant le "buzz" comme souvent sans que l'info ait été vérifiée, ce qui a beaucoup nui à l'image du Lannemezanais.
Enquête et confrontation
Le bureau fédéral de la FFR a décidé alors de diligenter une enquête, à l'issue de laquelle Cédric Rouch a été convoqué devant la commission de discipline de la Fédération, le 10 avril dernier en visio-conférence.Avant même cette instance, les présidents des deux clubs avaient organisé une confrontation entre les 2 joueurs, permettant au Tarbais de détailler ses accusations et au Lannemezanais de "défendre son honneur".
Devant la commission de discipline, le 10 avril, Cédric Rouch a été entendu, Marvin Woki ayant communiqué sa position par mail.
Deux autres joueurs ont témoigné - un de chaque club - car ils avaient assisté de près à l'altercation.
De même, la commission a écouté les officiels qui avaient encadré la rencontre, parmi lesquels le juge de touche qui se trouvait à quelques mètres de l'incident.
Aucun des témoins n'a apporté le moindré élément permettant de corroborer les accusations de "propos racistes" qui auraient été proférés par Cédric Rouch à l'encontre de Marvin Woki.
Même la vidéo de l'incident (le match était enregistré pour une diffusion ultérieure sur une chaîne sportive) n'a pas permis d'entendre clairement quoi que ce soit d'incriminant.
Après délibération la commission a rendu sa décision le vendredi 24 avril dernier : Cédric Rouch a été innocenté de ces accusations.
Une épreuve pour Cédric Rouch
Le joueur a déclaré avoir hâte de retrouver ses coéquipiers du CAL et a réitéré sa volonté de rester fidèle au club qui l'a soutenu dans cette épreuve.En revanche il a regretté que la décision de la FFR - positive à son égard - n'ait pas bénéficié d'autant de publicité que l'enquête et les accusations qu'il a subie en amont, et qui lui ont fait du tort pendant plusieurs semaines sur le plan médiatique :
a-t-il déploré dans une interview à nos confrères de la Semaine des Pyrénées.on a réclamé ma radiation, il fallait me punir, me virer. Sur le plan sportif et professionnel, qui a pris conscience des conséquences ? Quel club voudrait recruter un joueur raciste, quelle entreprise embaucherait une personne présentée comme raciste ?
Il faut également souligner que le joueur tarbais Marvin Woki, s'il n'a pas retiré ses accusations devant les instances de la FFR, n'a pas pour autant déposé de plainte devant la justice contre Cédric Rouch.
Le jugement de la commission de discipline met donc un terme aux litiges provoqués par les incidents du choc entre le TPR et le CAL le 15 février dernier.
Si les derbys donnent lieu traditionnellement à des matches engagés, ils ne doivent pas basculer dans la violence qui a entaché la rencontre ce jour là, bien loin des "valeurs" que prône le rugby.