Service des urgences à l'hôpital, la crainte d'une fermeture définitive : "il n'y a pas de volonté de recruter des médecins"

Les urgences de l'hôpital de Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées sont dans la tourmente. Faute de médecins, le service n'est presque plus ouvert en continu en ce mois de juin 2024. Et les offres de recrutement rares, voire inadaptées, selon la CGT. De quoi craindre le pire pour la pérennité de ce service de soins ?

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Un service des urgences qui ferme faute de médecins. Cette situation se retrouve un peu partout en France, mais à Bagnères-de-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, l'inquiétude grandit. Le service enchaîne les jours de fermeture, la nuit ou le jour, d'un mois à un autre. En ce mois de juin 2024, c'est bien simple, les urgences ne sont ouvertes en service continu que sur six jours. Alors question : une fermeture définitive est-elle à craindre ?

Un manque de volonté de recruter ?

Francis Cazalas est employé depuis 37 ans à l'hôpital de Bagnères-de-Bigorre. "L'établissement, je le connais. Les directeurs, j'en ai vu. Mais j'ai jamais vu de situation comme aujourd'hui. Jamais", nous affirme le délégué syndical CGT.

Le souci du service, c'est de recruter des médecins urgentistes. Et selon le syndicaliste, il n'y aurait guère d'annonces et d'appels à candidature, notamment pour trouver des médecins en intérim. "C'est compliqué. Si vous voulez, aujourd'hui, on pourrait avoir des médecins urgentistes, on pourrait trouver un intérim pour dépanner. Mais au tarif qu'on leur propose, ils ne vont pas venir." Depuis avril 2023, la loi Rist est passée par là.

Aujourd'hui, je vais vous dire, un médecin urgentiste chez nous, il touche 27 euros de l'heure. Si vous regardez les annonces, ailleurs, on leur propose jusqu'à 57 euros de l'heure en intérim.

Francis Cazalas, délégué CGT à l'hôpital de Bagnères-de-Bigorre

Y mettre le prix pour être attractif, on en est loin aujourd'hui au centre hospitalier de Bagnères-de-Bigorre, selon le syndicaliste. Effectivement, sur le site appel medical, une annonce pour un médecin urgentiste en intérim à Rieumes, en Haute-Garonne, affiche effectivement une rémunération de 58.77 euros de l'heure.

On n'est pas capable de payer des médecins urgentistes au tarif qui dépasse... Qu'est-ce qu'il faut en déduire ? Pour moi, il faut en déduire qu'il n'y a pas vraiment une volonté de recruter des médecins. Il n'y a pas volonté de maintenir ce service ouvert.

Francis Cazalas, délégué CGT

Le délégué syndical CGT s'interroge sur une possible fermeture des urgences, qui sont gérées par l'hôpital de Tarbes lui-même en surrégime. Francis Cazalas dénonce "un système masqué, une manière de dire que les urgences ne sont pas fermées en laissant portes ouvertes avec une infirmière."

Un service des urgences, sans médecin, mais avec un accueil de patients par une infirmière. Pression et responsabilité pèsent sur les épaules de ces personnels. "Moi, je me retrouve aujourd'hui avec des filles qui pleurent au boulot à cause de la pression qu'elles vont avoir. Des filles qui, aujourd'hui, se couvrent en prenant des assurances individuelles à cause de tout ça. C'est grave", alerte Francis Cazalas.

L'ombre de l'hôpital unique ?

Un service des urgences qui fonctionne 24h/24 sur Bagnères-de-Bigorre, cela se justifie pleinement par "une population qui augmente, qui est plutôt vieillissante, et des touristes venant skier l'hiver et les curistes qui sont là d'avril à novembre", argumente la députée LFI-Nupes, Sylvie Ferrer. Et avec les urgences, il y a aussi l'équipe du SMUR, et des lits pour des soins non programmés.

Et puis, il y a le projet d'hôpital unique, regroupement de celui de Tarbes et de Lourdes. Il devrait être construit à Lanne avec des contributions financières des collectivités mais aussi de l'hôpital de Bagnères-de-Bigorre. Le syndicaliste, Francis Cazalas, évoque une participation à hauteur de 7 millions d'euros. "De l'argent qui ne va pas sur Bagnères", ajoute Sylvie Ferrer qui doute clairement du fonctionnement de ce nouvel hôpital dans les Hautes-Pyrénées. 

On n'aura pas un nombre de lits équivalent à la somme des deux hôpitaux.

Sylvie Ferrer, député LFI-Nupes des Hautes-Pyrénées

Depuis le 13 mai 2024, ce projet d'hôpital unique est soumis à une concertation préalable et le public invité à donner son avis, auprès de la commission nationale du débat public.

Les autorités se veulent rassurantes

Sollicitée, l'Agence régionale de Santé en Occitanie, n'a pas donné suite à notre demande d'informations sur le service des urgences de Bagnères-de-Bigorre. Mais après une énième mobilisation pour défendre l'hôpital, Jean Salomon, préfet des Hautes-Pyrénées et Didier Jaffre, directeur général de l'ARS, ont réaffirmé "leur volonté de renforcer l'hôpital de Bagnères-de-Bigorre et de maintenir le service des urgences", rapporte La nouvelle République des Pyrénées.

Un dossier sûrement déjà en haute place, sur le bureau du nouveau directeur de l'hôpital. qui doit prendre ses fonctions au 1er juillet 2024. Celui-ci aurait pour mission de piloter, en autonomie, les urgences de l'établissement sans appui extérieur.

En attendant, un appel à la grève du personnel et à un rassemblement de soutien a été lancé pour le 8 août 2024, par l'union locale CGT.

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