C'est inédit dans une compétition internationale cycliste. La deuxième édition du tour féminin des Pyrénées s'est arrêtée net ce dimanche matin avant le départ de la dernière étape. Après la colère des coureuses contre la sécurité, la compétition est annulée.
C'est un coup dur pour le 2ème Tour International Féminin des Pyrénées. la 3ème et dernière étape devait avoir lieu ce dimanche matin. Depuis 48 heures, la sécurité était au coeur de la grogne des coureuses.
Problèmes de sécurité
Depuis le coup d'envoi de la compétition ce vendredi, plusieurs incidents sérieux ont mis au jour des failles dans la sécurité autour de la course cycliste : "Il y a eu de nombreuses chutes pendant la première étape", explique Jade, une des coureuses de l'équipe FDJ. "Une coureuse a eu une fracture du nez et plusieurs autres ont dû être conduite à l'hôpital. C'est pour cela que nous avons fait remonter nos revendications. Il fallait améliorer la sécurité du peloton."
Ce tour des Pyrénées qui se joue en 3 étapes, est une course ouverte. Cela signifie que les routes ne sont pas coupées, à l'inverse du tour de France. La circulation est bloquée juste au moment du passage du peloton. Mais les coureuses ont dû faire face à des voitures en contresens ou des obstructions de piétons en ville, rendant la course dangereuse. En cause également les motos de sécurité et leur dépassement hasardeux dans la boucle d'arrivée finale vendredi à Lourdes.
Compétition annulée
Pour palier ce manque de sécurité, la seconde étape avec son arrivée à Hautacam dans les Hautes-Pyrénées ce samedi a été neutralisée pendant les 24 premiers kilomètres. Résultat : l'étape s'est jouée sur la montée vers Hautacam avec seulement 18km de course.
Mécontentes, certaines équipes ont quitté la course dès le deuxième jour. Et les coureuses ont alerté l'UCI, l'Union Cycliste Internationale. C'est elle qui a annoncé la mauvaise nouvelle ce dimanche midi. La 3ème et dernière étape de 126km entre Nay et Bosdarros dans les Pyrénées-Atlantiques a été annulée. La 2ème édition du tour féminin des Pyrénées s'est terminée brutalement.
L'organisation très déçue
A l'heure du verdict de l'UCI, l'organisation de la course ne cache pas sa déception : "C'est très dur pour nous", explique Elisabeth Chevanne-Brachet, directrice de l'organisation. "Ca fait 4 ans qu'on se bat pour donner de la visibilité au cyclisme professionnel féminin et cette course était très importante. Les filles ne se rendent pas compte que c'est l'avenir du cyclisme féminin qui est en jeu."
La compétition annulée, les compteurs du classement général sont restés figés sur l'arrivée de la seconde étape à Hautacam. C'est l'italienne Marti Cavalli de la FDJ victorieuse samedi dans les Hautes-Pyrénées, qui a été déclarée vainqueur.
En cause les motos de sécurité obligées de remonter dans le peloton pour se porter à l'avant afin d'assurer le passage de l'épreuve et quelques voitures sur le parcours, plus spécifiquement dans la boucle d'arrivée finale à Lourdes, vendredi, où justement les motos de sécurité n'ont pas eu le droit de s'insérer.
"Elles s’imaginent qu’elles sont sur le Tour de France"
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La direction de course qui a réagi ce dimanche matin se montrait confiante quant à un départ pour l'étape finale : "Ce qui se passe, c’est que les filles ont des exigences qui ne sont pas en adéquation avec leur niveau. Elles s’imaginent qu’elles sont sur le Tour de France et que toutes les routes doivent être fermées, que tout doit être verrouillé. Mais en France, on ne peut pas faire ça. (...) Pour le moment nous n’avons pas eu de retour négatif et on repart dans les conditions normales. Hier (samedi) le président de jury et l’arbitre principal sont allés voir les filles en leur précisant qu’elles avaient des demandes irrecevables", expliquait Pascal Baudron, directeur de course ce dimanche matin.
Des équipes quittent la course
Plusieurs équipes dont la Team Jumbo Visam avaient pourtant décidé de quitter la course : "La Team Jumbo-Visma Women ne prendra pas le départ de la troisième étape du Tour Féminin International des Pyrénées car la sécurité sur le parcours laisse à désirer. Les coureures ne considèrent pas responsable de courir la troisième étape."
Cette même équipe du WorldTour notait cependant : "Quel dommage que la course se termine ainsi. Pas une décision facile. La situation du deuxième jour était nettement meilleure que lors de la première étape, mais la sécurité est une condition au sein de TJV pour pouvoir pratiquer le sport de manière responsable".
Une sécurité qui a été pourtant au cœur des préoccupations de l'organisation dès le départ.
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L'étape n'aura pas lieu
Mais, les commissaires UCI de l'épreuve en ont décidé autrement en annonçant que : Après avoir consulté les principales parties prenantes de l'événement, y compris @women_cpa, @cpacycling, @HansenAdam, les équipes, les commissaires et le comité d'organisation, l'étape d'aujourd'hui n'aura pas lieu".
Au grand désespoir de l'organisation de la course : "Même Marion (Clignet) et Elisabeth (Chevanne-Brachet) disent qu’elles sont en train de scier la branche sur laquelle elles sont assises. Le jour où il n’y aura plus de course, elles pourront pleurer et c’est ce qui va se produire. Très honnêtement, je me dis que ça ne vaut pas le coup d’organiser une course pour voir tous ces mois d’efforts ruinés pour des caprices d’enfants gâtés. Et je pense à tous les bénévoles qui se mobilisent, pour être clair, c’est catastrophique pour le moral".
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