Une affaire exceptionnelle et délicate devant la justice : une psychiatre jugée pour homicide involontaire après le suicide d'une jeune fille

Julie, 18 ans, est décédée en février 2017 dans l'unité psychiatrique de l'hôpital de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées. Depuis, ses parents et ses sœurs n'ont eu de cesse de demander des explications. Ce 11 juin 2024, un procès va se tenir à l'encontre d'une psychiatre. Une affaire qui s'annonce délicate.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Sept ans après la mort de Julie, ses parents et ses trois soeurs vont peut-être enfin obtenir des explications sur ce qui s'est passé, le 12 février 2017, au sein de l'unité psychiatrique de l'hôpital de Lannemezan. Ce 11 juin 2024, la médecin psychiatre, responsable du service, sera jugée pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Tarbes (Hautes-Pyrénées). Et selon l'avocat de la famille de Julie, l'affaire est sensible à plusieurs égards.

Première plainte et non lieu

Julie avait déjà été hospitalisée à plusieurs reprises après des tentatives de suicide. Le 12 février 2017, elle est retrouvée morte au pied de son lit médicalisé. Elle s'est suicidée à l'aide d'un foulard.

Informés, les parents de Julie se rendent à l'hôpital de Lannemezan, et "très rapidement, ils ont l'impression que c'était un petit peu opaque", souligne Me Joseph Mesa. Le lendemain, les parents de Julie portent plainte à la gendarmerie de Bagnères-de-Bigorre. Une plainte pour homicide involontaire "orientée dans un premier temps vers le centre hospitalier." Mais rien ne se passe, et la famille de Julie vit mal ce défaut important de la moindre information sur ce dossier.

Sollicité, Me Joseph Mesa va alors déposer une nouvelle plainte avec constitution de parties civiles le 26 juillet 2018. Ce qui fait qu'elle est obligatoirement prise en compte. "Et les difficultés, c'est là qu'elles ont démarré", estime l'avocat. Le juge d'instruction rend un non-lieu à la mi-juin 2020. Me Mesa fait appel. Et la chambre de l'instruction de Pau ordonne finalement, en mars 2022, une mise en examen de la responsable du service psychiatrique au sein de l'hôpital de Lannemezan.

Le parquet, systématiquement, s'est opposé à toutes poursuites de qui que ce soit dans cette affaire.

Me Joseph Mesa, avocat des parents et des soeurs de Julie

Pour l'avocat, ce renvoi devant le tribunal correctionnel de Tarbes est un véritable parcours du combattant. "L'idée, et c'est ce que mes clients ne peuvent admettre, c'est que dans cette histoire, il n'y aurait pas de causalité entre la faute et le décès."

La preuve de la faute

Face à ce déroulement de l'instruction et au manque de réponses à leurs questions, la famille de Julie "a toujours eu le sentiment qu'on leur cachait quelque chose. Qu'il y a peut-être eu quelque chose qui s'est passé ce jour-là et qu'on a mis le couvercle dessus pour que ça ne se sache pas", estime Me Joseph Mesa.

Julie avait-elle montré de signes d'un passage à l'acte imminent ? Y a-t-il eu des manquements dans son suivi psychiatrique et sa surveillance alors que les experts estiment que "risque de passage à l'acte suicidaire était bien réel", contrairement aux déclarations du personnel soignant ? Ce seront là des questions centrales lors de ce procès. Des questions délicates.

"Il n'y a pas eu d'autopsie qui aurait permis de connaitre approximativement l'heure du décès", rappelle Me Mesa. Un élément qui aurait pu être relié aux rondes de surveillance par exemple. En revanche, dans le dossier, il est fait mention d'une demande de Julie auprès d'une autre patiente "de l'étouffer avec un coussin".

Les affaires de suicide portées en justice se font rares. L'avocat des parents et sœurs de Julie en est pleinement conscient. Que ce soit pour les suicides en détention ou en milieu médical, les poursuites en justice sont bien loin d'être systématiquement engagées. Mais ce 11 juin, un médecin psychiatre devra répondre d'un homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Tarbes.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information