François Sanchis est dépité. 10 jours aprés avoir dû se séparer de son patou, ses brebis auraient été attaquées par un ours. En attendant les conclusions de l'enquête de l'ONCFS, il s'est confié à notre équipe sur la réalité d'un métier qui doit s'adapter à l'ours, mais aussi au tourisme.
François Sanchis a 52 ans, depuis 2010 il élève des brebis à Ris à 1000m d'altitude dans la vallée du Louron. Un troupeau de 200 bêtes.
C'est la première fois qu'il a à faire à une attaque d'ours.
Un éleveur qui n'est pas opposé à l'ours
François Sanchis n'est pas contre la politique de réintroduction de l'ours. Mais il constate l'évolution de son travail avec de nouvelles contraintes. Les ours, mais aussi les touristes et la façon dont chacun se partage la montagne. Dans ce contexte, il se demande ce qu'il en sera de son avenir et de celui de l'élevage.C'est en allant voir ses bêtes à 6h30 comme tous les matins, durant le week-end qu'il a découvert l'une d'entre elles éventrée. C'est un voisin, puis les experts du suivi de l'ours qui lui indiquent qu'elle a sans doute été tuée par un ours. Vraisemblablement, il s'agit de Goiat, un mâle introduit en 2016. La vallée du Louron fait partie de son territoire.
Aprés la brebis, l'éleveur découvre un porc noir, qu'il engraissait pour sa consommation personnelle, également éventré.
L'ours a attaqué 10 jours après la disparition de son patou
Jusqu'à ce jour, François Sanchis n'avait jamais connu d'attaques sur son troupeau, car il possédait un patou. Un chien qui vivait depuis 7 ans avec les brebis et veillait sur elles, jour et nuit. Mais il y a 10 jours, il a dû l'euthanasier. En cause, un problème avec un autre chien, celui d'un touriste et une affaire qui aurait pu être portée en justice. L'animal s'est semble-t-il un peu trop approché du troupeau et le patou a défendu son territoire. Le touriste s'est interposé et a été mordu. L'éleveur n'a pas eu d'autres choix que se séparer de son chien, qui l'accompagnait depuis 7 ans pour éviter un procès.
Francois Sanchis est amer. Il n'a rien contre l'ours, ni contre les touristes, mais au final, c'est lui qui doit aujourd'hui défendre son troupeau " faire le patou, mais ce n'est pas mon rôle" insiste-t'il. Mais désormais pour Goiat " le restaurant c'est ici, sur mon exploitation que ça se passe" confie-t-il. Et l'éleveur se sent impuissant à protéger ses bêtes en permanence. Laisser ses champs aux touristes, pourquoi pas ? Mais à quel prix pour sa profession ? C'est la question qu'il pose dans le témoignage recueilli par Régis Cothias et Emmanuel Fillon.
Le reportage de Régis Cothias e tEmmanuel Fillon sur les attaques de l'ours Goiat dans la vallée du Louron. Deux éleveurs ont été victimes ce week-end des prédations de l'animal.