Les victimes majeures de violences sexuelles au sein de l'église sont déçues. Elles attendaient beaucoup de la conférence des évêques de France réunie à Lourdes ce week-end. Ils ont finalement décidé de remettre à mars 2025, le dispositif de réparation les concernant.
Les évêques français ont préféré retarder au printemps leur décision sur le très attendu dispositif de réparation pour les victimes de violences sexuelles à l'âge adulte dans l'Eglise. Les réactions ne se sont pas fait attendre.
Reporté à mars 2024
"Si le principe est acquis, nous voyons qu'il nous reste encore du travail avant de décider des modalités de mise en œuvre", a affirmé ce dimanche 10 novembre, Eric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France.
« Réunis en Assemblée plénière à Lourdes, les évêques de France ont annoncé repousser à mars prochain la présentation du nouveau dispositif destiné aux victimes adultes de violences sexuelles dans l’Église. https://t.co/jd3raFFRIA
— Agir pour notre Église (@AgirNotreEglise) November 10, 2024
Les évêques hésiteraient entre deux options, qui n'ont pas été publiquement détaillées. Il pourrait toutefois s'agir d'instaurer soit une instance centralisée de type Commission reconnaissance et réparation, qui s'occupe des victimes dans les congrégations, soit d'avoir un dispositif adossé à des cellules dans les provinces ecclésiastiques.
Des victimes en colère
"Nous voulons ouvrir une voie de reconnaissance et de réparation solide et durable et que les prêtres mis en cause assument leurs responsabilités", a assuré Mgr de Moulins-Beaufort, précisant qu'il ne fallait pas se substituer à la justice: "le premier chemin doit être celui de la justice républicaine", avec également un recours éventuel à la justice canonique.
Au moins 330 000 personnes ont été victimes d'agressions sexuelles au sein de l'Église en France depuis 1950. Voici les chiffres accablants révélés par une commission indépendante… pic.twitter.com/8stSxrkDNY
— Brut FR (@brutofficiel) October 5, 2021
Certaines d'entre elles "seront déçues et blessées de ce retard", a reconnu le président de la CEF, tout en les assurant de la "détermination" de l'Eglise à avancer. Sur les réseaux sociaux, la colère gronde après cette annonce. Ils sont nombreux à critiquer ce retard. Car certains faits sont sans doute prescrits, ou des agresseurs décédés. Reste alors la voie de la justice restaurative.
La question de l'emprise
Trois ans après le rapport choc de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase), qui faisait état de 330.000 mineurs agressés dans l'Eglise entre 1950 et 2020, le sujet des violences sexuelles continue d'occuper l’Eglise. Et les révélations sur des agressions sexuelles de l'Abbé Pierre, qui se sont succédé depuis cet été n'ont pas apaisé la situation.
[TW VSS] « L’abbé Pierre, c’était une entité, une aura. Personne ne m’aurait crue »
— Mediapart (@Mediapart) September 12, 2024
Pascale, l’une des victimes de l'Abbé Pierre, témoigne pour la première fois après des décennies de silence. Ce jeudi, à 19 h, dans notre émission « À l’air libre ».
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L'Église a pour l'instant beaucoup travaillé sur les cas des victimes mineures, avec notamment une Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation. Pour les majeurs, "le cadre juridique n'est pas le même", précise la conférence des évêques de France. La notion d'emprise est déterminante, dans le cas de ces victimes, dont il est impossible de chiffrer le nombre.
Quant à l'indemnisation financière, "elle sera possible et nous ferons ce qu'il faut" pour qu'elle le soit, a souligné Eric de Moulins-Beaufort. "Cela peut être un élément nécessaire" mais "ce n'est pas l'élément principal", a-t-il ajouté.