Après une enfance marquée par les migraines et les épisodes dépressifs, Anaëlle est diagnostiquée autiste sur le tard, à 19 ans. Pour lever les zones d'ombre sur ce handicap, la dessinatrice a créé un guide ultime de l'autisme à destination des familles. Nous l'avons rencontrée le 16 octobre.
Trois chats, un appartement sombre dans une étroite rue piétonne de Bessan (Hérault), 5 000 habitants. C'est l'environnement choisi par Anaëlle pour poursuivre ses études en ligne, plutôt que les boulevards agités du Havre où la Normande résidait avant.
Pour cause : Anaëlle, 21 ans, souffre de troubles du spectre autistique modérés. Elle est hypersensible. Évite de sortir sans son compagnon car elle perçoit l'extérieur, la foule et les transports comme une potentielle source d'angoisse et de danger.
Diagnostic tardif
Elle nous apprend d'abord que l'autisme affecte chaque étape de son quotidien. Comme celle, insoupçonnée, de s'habiller le matin. "J'ai énormément de difficultés à porter des jeans et des matières qui viennent serrer ou gêner", témoigne l'étudiante, pour qui le simple fait d'aller dans un café ou un restaurant "devient tout de suite un enfer" pour peu qu'il y ait "trop de bruit ou trop de lumière".
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Anaëlle grandit avec ces troubles, réfugiée dans les livres et ses carnets de dessin. Pendant 19 ans, personne ne pose de mot sur ses crises et ses migraines répétées jusqu'à ce qu'une amie, autiste elle aussi, l'incite à se faire dépister.
Mon diagnostic a été un soulagement. Ca m'a permis de comprendre pourquoi je réagissais comme ça. Depuis, j'apprends à me connaître et à m'adapter pour essayer de mieux vivre.
Anaëlle, artiste étudiante
La zoothérapie
Pour éviter ces errances à d'autres familles, la dessinatrice a imaginé une BD. Un guide ultime de l'autisme inspiré de sa propre expérience. Elle y représente les scènes de sa vie. Quand elle "n'arrive pas à dire ce qui ne va pas" à son compagnon, par exemple, pour faire voir que "les personnes autistes ont du mal à exprimer leurs sentiments".
Dans ce livre mais aussi sur ses réseaux sociaux, elle mentionne aussi ce qui l'aide. La zoothérapie, en premier lieu. Car Anaëlle a préféré se soigner avec les animaux "plutôt que chez un psychologue". Elle les trouve, en quelque sorte, plus sincères que les humains.
Quand on interagit avec un animal, il n'y a pas de normes sociales. S'il n'a pas envie d'être avec toi, il ne va pas faire semblant. Il n'attend pas que tu lui parles comme il se doit.
Anaëlle, artiste étudiante
Scolarité adaptée
L'étudiante est sérieusement accompagnée par l'Institut Artline, son école d'art numérique en ligne. Emploi du temps modulable, suivi des élèves en situation de handicap, lignes d'écoute... Une batterie de dispositifs existe pour lui permettre de progresser sereinement, sans devoir affronter les transports en commun ou la cohue, les jours d'examen.
Dans son pantalon de survêtement et ce cadre réconfortant, la dessinatrice ébauche à présent le deuxième tome de sa BD. Cette fois, il s'adressera directement aux enfants autistes.