Ce 8 mai 2023, la ville d’Agde dans l'Hérault inaugurait la restauration d’un second bunker de la Seconde Guerre mondiale. Un monument de béton qui témoigne, 78 ans après la fin du conflit, d'une France sous l'occupation et à l'affût d'un débarquement allié.
Dans une petite pièce aux murs blancs, deux hommes s'affairent devant un amplificateur radio. "Ça permettait de surveiller tout le côté mer et de pouvoir donner les ordres pour le tir sur les canons" postés de chaque côté du bunker, explique Philippe Colangelo, le président de l'association Maquisards Reconstitutions à Antonin Blanc et Yannick Le Teurnier, journalistes à France 3 Occitanie, qui ont pu suivre la visite inaugurale.
Des scènes de vie vieilles de 80 ans qui hantent toujours ce bunker allemand de la Seconde Guerre mondiale. Entre novembre 1942 et août 1944, 21 soldats nazis vivent dans ce poste de commandement jour et nuit. "Il y avait un périscope qui était posé au sol", décrit Philippe Colangelo, mimant la position d'un soldat allemand qui "pouvait regarder ce qui se passait au large."
Si l'association peut aujourd'hui rejouer ces scènes, c'est grâce à la rénovation du blockhaus réalisée par des dizaines de bénévoles. Elle a duré plus de six mois.
Un blockhaus tout juste rénové
Les bénévoles ont redonné vie à ce patrimoine historique, un blockhaus aux murs de deux mètres d’épaisseur. Pendant l’occupation, les Allemands ont construit une centaine de ces bunkers à Agde, sur le littoral héraultais.
Les Allemands pensaient que le débarquement aurait lieu en Occitanie et sur les plages du Languedoc.
Laurent Gheysens, secrétaire de l'association Agde Histoire 39-45
"Ici, il y en avait une cinquantaine [de bunkers, ndlr] au départ parce que les Allemands pensaient que le débarquement aurait lieu en Occitanie et sur les plages du Languedoc qui s'y prêtaient très volontiers, détaille Laurent Gheysens, le secrétaire de l'association Agde Histoire 39-45. Sur Agde, c'est un point encore plus important. On a une plage en pente très douce à côté d'un port - le port d'Agde. De fait, les Allemands l'ont très fortement défendus."
Souvenir et transmission
Un lieu stratégique aujourd’hui synonyme d’héritage où des centaines de visiteurs viennent entretenir le devoir de mémoire. "Nous sommes une génération où on avait encore des grands-parents qui ont vécu la guerre, analyse un visiteur présent ce lundi 8 mai à Agde. Nos enfants n'ont pas forcément d'arrière-grands-parents en vie qui ont vécu la guerre. Donc la transmission est importante pour se souvenir et ne plus refaire les mêmes erreurs surtout."
En dix ans, le premier bunker rénové sur ce site a accueilli plus de 95 000 visiteurs. A l’avenir, l’association envisage de mettre en place un circuit de visite interactif pour garder en mémoire cette période tragique et douloureuse.