Comment lutter contre les déserts médicaux ? A Bessan dans l’Hérault, l’un des 3 médecins du village est parti à la retraite. Les autres sont débordés. Mais il n’y a aucun candidat à sa succession. Le maire a lancé un appel désespéré pour recruter mais il est resté sans réponse pour le moment.

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Ce matin-là, c’est jour de marché sur la place centrale du village. Beaucoup de personnes âgées s’attardent devant les étals. Et quand on les interroge sur l’accès aux soins dans leur commune, les réponses vont toutes dans le même sens.

Il faut entre un et deux mois pour avoir un rendez-vous et quand on est au cabinet, le docteur est surbooké. Vous avez rendez-vous à 14h et vous allez passer à 18h

Un habitant de Bessan

Un autre ajoute : « Il y a trop de monde, ce n’est pas normal. Le village s’agrandit et on n’a de moins en moins de médecins. C’est un calvaire. » Assis à ses côtés sur le banc, son voisin réagit « Avant on en avait 4 maintenant on en a plus que 2 ! » Face au boucher, cet autre habitant explique aller à Vias, à 6 kms. Il n’a pas d’autre choix.

Un sacré rythme

Avec seulement 2 médecins pour  5 200 habitants, Bessan compte 5 fois moins de médecins que la moyenne nationale qui est de 3,4 médecins pour 1000 habitants. Alors forcément les médecins restants sont très sollicités.

Parmi eux, Emmanuelle Soumeillant. Elle est installée ici depuis 10 ans. Urgentiste de formation, elle est venue à la médecine générale sur le tard et ne compte pas ses heures. Il lui arrive souvent de terminer ses consultations après 23h. Un sacré rythme qui la contraint à ne plus prendre de nouveaux patients.

Cela me fait de la peine car je me dis qu’ils vont ramer pour trouver un médecin. Je fais des exceptions mais je ne peux pas faire plus. La ville continue de grossir et les médecins de vieillir. En plus on n’est pas dans un désert médical

Emmanuelle Soumeillant, médecin généraliste à Bessan

En effet pour être considéré par l’Etat comme désert médical et bénéficier d’une palette d’outils pour renforcer l’offre de soins, il faut être à plus de 20 mn d’un médecin. Hors la ville d’Agde est à moins de 6 kms et quelques minutes en voiture.

Alors Emmanuelle continue d’assurer tant bien que mal. Elle est le médecin traitant de 1244 patients. C’est près de 400 de plus que la moyenne nationale. Elle admet ne plus avoir de vie personnelle.

« Maintenant quand je ne travaille pas, je dors. Je suis devenue uniquement un médecin. Je dors ou je travaille. Heureusement que j’ai fait ce métier par vocation. J’y trouve du plaisir. »

La solution choc du maire

Alors pour soulager ceux en exercice, le maire de Bessan a tenté un coup de poker. En décembre dernier, il a mis une annonce de recrutement sur une banderolle aux entrées de la ville. Il a proposé des aides fiscales aux candidats potentiels. Mais rien n’y a fait. Il n’y a toujours pas de nouveau médecin à Bessan.

« Des médecins m’ont approché mais ils ont des modes de fonctionnement différents. Ils veulent des horaires plus traditionnels, être accompagnés d’un secrétariat. Mais on reste optimiste. Plusieurs médecins tentent de s’organiser pour créer un lieu comme celui-ci même si on n’est encore à l’embryon de ces projets. Il faut attirer de jeunes médecins pour les ancrer dans nos territoires qui en ont bien besoin » Stéphane Pépin-Bonnet, maire de Bessan

La région au secours des communes

Pour répondre aux besoins de la population en matière de santé, la région Occitanie a initié un nouveau dispositif. Alors que cela ne fait pas partie de ses prérogatives, la région met en place des centres de santé. C’est elle qui recrute et paie les médecins, à l’inverse des maisons de santé où ce sont des médecins libéraux qui exercent. 

Les collectivités déposent leur dossier. La région examine les besoins. Il faut ensuite entre 6 mois et 2 ans pour ouvrir car il faut recruter et parfois construire des locaux. Il nous faut au moins 2 médecins pour que ce soit viable

Vincent Bounes, Vice-Président à la région Occitanie en charge de la santé

Les deux premiers centres de santé ouvriront en juillet en Ariège et dans le Lot. Et les besoins sont urgents.

Cette année en Occitanie, 30% des médecins pourront faire valoir leur droit à la retraite.  

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