Ostréiculteurs de l’étang de Thau près d’Agde et chercheurs de la startup Seacure de Marseille travaillent ensemble à la création d’un biomatériau grâce à l’électrolyse de l'eau de mer. Il permet de lutter entre autres contre l’érosion des côtes.
La société marseillaise Seacure a mis au point un système d'électrolyse de l'eau de mer. Ce procédé innovant mis au point après 5 ans de recherche et développement, permet de créer un liant solide constitué d'agglomérats de matériaux sous-marins.
Son principal intérêt est de consolider les côtes du littoral attaquées par l'érosion. Explications de Delphine Aldebert et Juliette Morch.
Réaction chimique en mer
L’expérimentation commence en mai 2021. Dans des grands sacs, une centaine de casiers grillagés remplis de coquilles d'huîtres sont déposés au fond de l'étang de Thau.
Pendant un an et demi, un courant électrique très basse tension traverse l’armature métallique des casiers et déclenche une réaction chimique : « L’électrolyse de l'eau de mer précipite les sels minéraux essentiellement le calcium et le magnésium. La réaction crée une concrétion rocheuse autour de la grille des casiers avec une croissance de l’ordre de 5 cm par an. » explique Anne-France Grux, responsable du développement en Méditerrannée chez Seacure.
Béton naturel
Le calcium et le magnésium sont deux roches dont la composition ressemble à celle des coraux. Elles agglomèrent les sédiments environnants, comme les débris de coquillages et le sable qui viennent se coller sur la grille pour créer finalement un liant solide. De par sa composition, la résistance de ce matériau s’apparente à celle d’un "béton naturel" très adhésif.
Coquilles d’huîtres recyclées
C'est sur le bassin de Thau que l'entreprise se fournit en matière première. Chaque jour, des camions de l'usine Coved à Mèze collectent les coquilles impropres à la commercialisation auprès des ostréiculteurs. Au total ce sont chaque année 8 000 tonnes de déchets coquillés qui sont séchés puis triés avant d'être valorisés en remblais ou exportés en Europe pour nourrir les poules.
Cette expérimentation de biomatériau offre de nouvelles perspectives vertueuses comme l’atteste Fabien Bonnefoy, Directeur du Coved : « Cela permet de recycler les coquilles sur place et d’avoir une solution naturelle pour l’environnement. »
Lutter contre l’érosion
Ce nouveau biomatériau a été développé en partenariat avec le syndicat mixte du bassin de Thau et sa plateforme d'innovation au service de la transition écologique. Il peut avoir de multiples applications, comme l’explique Alexandre Pennaneac'h, responsable de projet Blue Thau Lab : « Il peut servir pour aménager des falaises, des côtes ou des ports qui sont dégradés par l’érosion marine. De plus, il se fabrique là où le besoin se situe à savoir le long du littoral ou dans la mer. »
Favoriser la biodiversité
Il pourrait également servir de récif naturel pour les poissons et ainsi favoriser la biodiversité sous-marine : « La volute sert à accueillir des populations sous-marines qui trouvent refuge, nourriture et pourquoi pas gîte dans les diverses formes de cavités qu’elle offre. » L’aire marine d’Agde souhaiterait les mettre en situation pour les tester dans le cadre de ses actions de protections d'habitats marins pour la faune.
Cette nouvelle filière de valorisation des coquilles d’huîtres fait entrer ce déchet dans un cercle vertueux pour la préservation de la planète. Ce produit de la mer retourne à la mer avec finalement un impact carbone très faible.
Anne-France Grux, responsable du développement en Méditerrannée chez Seacure nous résume le principe dans cette vidéo :