6e jour ce lundi du procès de Rémi Chesne et Audrey Louvet, co-accusés pour avoir séquestré et assassiné Patrick Isoird en juin 2014 dans la "grotte sanglante" de Sète. 3 témoins étaient entendus ce matin sur la personnalité et les "confidences" d'Audrey Louvet. L'accusée renfermée écoute.
Un lundi matin pittoresque avec des témoignages "embrouillés" pour débuter cette 2e semaine de procès. 3 témoins pour débuter la matinée. Cet après-midi, place à Rémi Chesne. Un témoignage très attendu.
Sophie, la Lunelloise, confusion et tatouages
Sophie est témoin. Cette Lunelloise explique qu’elle a fait connaissance d’Audrey Louvet après son installation à Lunel. Et qu’une relation de sympathie s’est nouée entre elles, durant trois mois de décembre à mars : «Audrey n’est ni mon amie, ni mon ennemie». Elle ne connait ni Rémi Chesne, ni Patrick Isoird.
Mais elle affirme qu'Audrey lui a fait des confidences lors du passage de l'affaire dans une émission de faits divers à la télévision. Sophie a d'ailleurs voulu téléphoner à ce média avant d'informer la police.
Sophie explique qu'Audrey lui a parlé du jour des faits : "Rémy Chesne l’a conduite et déposée au rond-point de la grotte. Patrick Isoird ne voulait pas entrer dans la grotte. Alors, elle lui promet de faire une gâterie".
Elle semble avoir de la tendresse à l'encontre d'Audrey Louvet, voisine de son frère. En déposant à la barre, elle "ne veut pas porter préjudice" à l'accusée.
Elle m’a parlé d’un black qui était présent dans la grotte et qui était comme son frère. Et je crois bien qu’Audrey a son nom tatoué sur son bras.
La témoin s'embrouille et confond "le coiffeur" Rémi Chesne avec "une personne noire", à savoir le "frère de sang" d'Audrey Louvet dont elle avait des photos affichées chez elle.
L'accusée est alors appelée à la barre : elle fait l'inventaire de ses tatouages (il y a le nom de la "personne noire" sur son avant bras), avant d'affirmer que cette personne n'était pas son "frère de sang" mais son amant de l'époque. Et elle précise qu'elle n'a "certainement pas" de photo de Chesne chez elle.
L'audition se termine et il y a suspension de séance.
Jean-Louis, le Sétois, "elle est naïve et influençable"
Un nouveau témoin arrive à la barre, lui aussi connaissance d'Audrey Louvet. Jean-Louis habite Sète et il retrouvait régulièrement Audrey pour prendre le café chez elle le matin.
"Audrey Louvet, je la connaissais parce que je lui achetais des cigarettes. C'est tout. Une fois, je suis monté chez elle pour boire le café. Et c'est là que j'ai vu Rémi Chesne. C'est la seule fois que je l'ai vu".
Quant à Patrick Isoird, il le décrit comme : "Un brave garçon. Un sourire, une tape sur l'épaule. Jamais de problème avec lui". C'était à l'époque où Patrick Isoird fréquentait le bar "le terminus".
La présidente demande : "Que saviez-vous de ses relations sentimentales ?".
Jean-Louis : "Elle était souvent sur Internet. C'était son passe-temps. Elle vivait dans le noir, les volets toujours fermés. Je lui disais : "faut ouvrir" surtout qu'elle fumait beaucoup... avec les enfants".
La présidente : "et sa situation financière ?". Jean-Louis : "Elle était sous tutelle, c'est ce qu'elle m'a dit qu'elle avait un tuteur". Et Mr Chesne, ajoute-t-elle, "que pouvez-nous dire ?". "Je ne sais rien. Une fois, je l'ai vu chez Audrey".
Et alors, comment elle vous en parlait ? "Elle me disait : "C'est mon coiffeur et c'est mon copain". Elle avait des rapports sexuels, j'ai compris. C'était 6 mois ou 1 an avant les faits".
Jean-Louis décrit Audrey : "C'est une femme enfant. Elle est naïve".
La présidente demande : "vous dites dans vos déclarations qu'elle est tantôt pour le Christ, tantôt pour Allah. Vous dites : elle est folle et influençable. C'est-à-dire ? C'est elle qui est influencée ?".
Jean-Louis : "ah oui ! mais elle peut aussi influencer. Elle avait un copain et quand elle l'appelait, il rappliquait de suite".
Le témoin est bien connu des services de police, il a un casier judiciaire conséquent pour plusieurs délits.
L'avocat général lui rappelle que pendant une heure trente (au moment de l'heure supposé du crime), il est resté injoignable, son téléphone était "hors service". Et qu'il n'a pas présenté d'alibi. "Rémi Chesne vous soupçonne d'avoir tué Patrick Isoird".
Non, non c'est faux.
Le routier adepte du marché noir... "pardon ?"
Le dernier témoin de la matinée s'avance vers la barre de la cour d'assises. C'est une connaissance du témoin précédent, avec qui il faisait des petites affaires au marché noir. Ce dernier témoin connaît cependant Patrick Isoird depuis l'école. "Il a jamais eu de souci avec personne" explique-t-il.
Ce témoin est sur la défensive. Interrogé par la présidente, il répète constamment "pardon?", l'air de chercher sa prochaine réponse. Routier, il revendait des produits litigieux (boîtes de cassoulet ou bouteilles de muscat) ou encore du gazole au marché noir à des amis.