Pour dénoncer le nouveau type de communication employé par Robert Ménard, le maire de Béziers dans l'Hérault, le conseiller municipal Thierry Antoine a lancé son propre journal mural. Il dénonce l'absence d'un journal municipal où les élus d'opposition pourrait s'exprimer.
Ils le voient comme une revanche. À Béziers (Hérault), l'opposition écologiste a publié dimanche 6 octobre son propre journal mural via les panneaux d'affichage de la ville, en réponse à une initiative similaire prise par le maire, Robert Ménard, le 13 septembre dernier.
Son nom : "La pelle", détournement clair de son homologue "L'appel", diffusé par le maire un temps proche de l'extrême droite. "À la base, c'était une blague, on a repris son style pour le caricaturer, puis au final, on a eu des retours très positifs", se félicite Thierry Antoine, élu d'opposition écologiste à la mairie, qui a rédigé une édition du journal mural avec les militants EELV du Biterrois. "On songe à renouveler l'expérience."
"L'envers du décor à Béziers"
Ce mode de communication politique, mis en place il y a quatre semaines, était présenté comme novateur par Robert Ménard. Les panneaux d'affichage public appartenant à la commune, celui-ci mettait aussi en avant le coût dérisoire pour les Biterrois (en dehors du manque à gagner publicitaire, les annonceurs extérieurs pouvant être intéressés par l'emplacement.)
Publiés en plus du journal officiel de la ville et en phase de test, les affichages de la majorité (une dizaine au total, renouvelable tous les mois) comportent tantôt des anecdotes prêtant à sourire, tantôt des informations jugées décontextualisées ou provocatrices par les élus d'opposition, principalement sur les questions sécuritaires. "M. Ménard nous a répondu que nous n'avions qu'à faire nos propres affiches, alors on l'a pris au mot", tacle l'élu écologiste.
Pour ce premier numéro de "La Pelle", Thierry Antoine a ainsi souhaité attirer l'attention sur les projets d'incinérateur ou de CRA (Centre de Rétention Administratif) de la ville. "Ces sujets ne sont presque jamais évoqués publiquement. Près 52% des enfants de moins de 11 ans vivent sous le seuil pauvreté à Béziers, c'est le record d'Occitanie (juste devant Perpigan, dans les Pyrénées-Orientales, ndlr). C'est pourquoi on estime qu'il y a par exemple mieux à faire que de créer des centres de rétention, où les gens sont au final rarement expulsés du territoire et finissent surtout à la rue en sortant."
Bataille de communication
Alors que la loi prévoit un espace d’expression pour les élus n’appartenant pas à la majorité municipale, la ville de Béziers a cette particularité de ne plus avoir de journal municipal depuis quelques années, mais seulement un journal d'agglomération, le JDB (Journal Du Biterrois), financé à moitié par la ville, et dont Robert est le directeur de publication, en plus d'être le président de la communauté d'agglomération Béziers Méditerranée depuis 2020.
Être opposant à Béziers, c'est un sport de combat.
Thierry Antoine, élu d'opposition écologiste à Béziers (Hérault)
Ainsi, sur les six élus d'oppositions que compte le conseil municipale de Béziers et ses 48 membres, seuls ceux qui siègent au conseil d'agglomération peuvent s'exprimer dans les tribunes libres qui clôturent le mensuel : Christophe Huc (De l'audace pour notre ville) et Nicolas Cossange (A gauche Béziers). Une situation qui rendrait difficile pour les autres opposants municipaux de s'exprimer publiquement selon l'écologiste. D'où ce journal mural.
"Je n'ai jamais empêché personne de communiquer", assure Robert Ménard, rappelant que Thierry Antoine n'est pas membre du conseil d'agglomération. "S'ils veulent aussi faire un journal mural, c'est très bien, c'est à ça que sert la liberté d'expression ! Ils peuvent évoquer les sujets qu'ils veulent !"