Ce mercredi après-midi, la Société Protectrice des Animaux cite à comparaître le torero Sébastien Castella pour "sévices graves et actes de cruauté envers un animal" en 2019. Devant le tribunal correctionnel de Béziers, deux groupes étaient présents. L'un en soutien au torero, l'autre à la SPA.
Ce mercredi après-midi, seule une rue séparait les "pro" et "anti" corrida devant le tribunal correctionnel de Béziers. La Société Protectrice des Animaux nationale y cite à comparaître pour "sévices graves et actes de cruauté envers un animal en 2019" le torero Sébastien Castella en tant qu’auteur principal.
La Ville de Béziers avec son maire Robert Ménard et le directeur des Arènes Robert Margé sont également cités à comparaître en tant que complices.
Au bout de 5 heures d'audience, le parquet n'a requis aucune peine. Le jugement est en délibéré début mai.
La Fédération des Clubs Taurins du Biterrois a appelé à un "rassemblement de soutien à la tauromachie" aux abords du Palais de justice dès 13h30. Environ 80 manifestants ont fait le déplacement. Une banderole "Béziers, ville de culture taurine" a été déployée.
Le "Colbac" soutient la SPA nationale
De l'autre côté de la rue, le "COLBAC", Comité de Liaison Biterrois pour l’Abolition de la Corrida, a tenu à assurer une "présence symbolique en petit comité", sans appeler à manifester. Une dizaine de membres étaient présents afin de soutenir la SPA.
La corrida, "un acte de cruauté" ?
Le débat porte sur l'article 521-1 du Code pénal, selon lequel "le fait d'exercer des sévices graves (...) ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende."
La SPA invoque que la majorité des Français serait contre les corridas, sur la base d'un sondage Ifop publié en 2019. Commandé par la Fondation Brigitte Bardot, il avait établi que "74 % des Français étaient favorables à la suppression des corridas en France".
De son côté, la Fédération des Clubs Taurins du Biterrois fait référence dans un communiqué à un jugement similaire rendu à Bayonne en novembre 2020. Le Tribunal de Bayonne avait établi que "considérer l’opinion de la majorité pour ne pas reconnaître l’évidence à Bayonne de la vivacité de la tradition tauromachique et la fréquentation des arènes lors des courses de taureaux, serait contraire au paragraphe 7 de l’article 521-1 du Code pénal". Ce paragraphe "exclut l'application de ces dispositions aux courses de taureaux", pour les cas "où une tradition locale ininterrompue peut être invoquée."
La ville de Bayonne avait alors été autorisée par la justice à poursuivre l'organisation de corridas.
Selon le Colbac, ce procès est une opportunité de "relever une nouvelle fois l’étrangeté d’une loi française qui autorise par dérogation sur un territoire, ce qu’elle punit de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende sur un autre."
Simultanément à Bayonne et Béziers, la SPA avait lancé fin 2019 des procédures similaires visant d'autres villes à tradition tauromachique, comme Dax, Carcassonne et Nîmes.