Un maçon turc a été condamné vendredi à six ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Béziers dans l’Hérault pour avoir arraché pendant trois ans ses trois enfants de nationalité française à leur mère et en les cachant en Turquie.
Yusuf Kizilirmak, 38 ans, était jugé ce vendredi pour "soustraction de mineurs par ascendant", "délaissement de mineurs" et "privations de soins". Il a été condamné à six ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Béziers pour avoir enlevé et caché ses enfants en Turquie pendant trois ans. Il a également été condamné au retrait définitif de ses droits parentaux et à cinq ans de privation de ses droits civiques et civils.
Son père et ses sœurs également condamnés
Son père Mehmet, reconnu coupable de complicité pour avoir gardé les enfants en Turquie, et qui n'a jamais été retrouvé par les enquêteurs, a été condamné à trois ans de prison ferme. Ses deux sœurs Sengul (40 ans) et Ladigar (33 ans) ont été condamnées chacune à deux ans de prison ferme pour complicité.
Que s’est-il passé ?
Le 17 mars 2014, Mucahide Turgut, 33 ans, dépose plainte après le non-retour de ses trois enfants, qu'elle avait confiés à leur père, Yusuf Kizilirmak, pour les vacances scolaires, selon l'ordonnance d'un juge aux affaires familiales après leur divorce.
Yusuf Kizilirmak avait été interpellé le 21 octobre 2015 à Chambéry en Savoie, où il réside, puis écroué à Béziers, mais il refuse de dire précisément où se trouve ses enfants, évoquant d'abord les Pays-Bas puis l'Anatolie, sa région d'origine, en Turquie.
"Il a bafoué les intérêts de ses enfants et il a préféré croupir en prison plutôt que de dire où il les avait cachés", a lancé la substitut du procureur de Béziers Angélique Depétris, qui a requis vendredi la peine maximale, soit sept ans de prison ferme, contre le principal accusé.
En avril 2017, la fille aînée Dilara, aujourd'hui âgée de 15 ans, et ses deux frères, Yasin, 14 ans, et Yumus-Emre, 7 ans, avaient réussi à prendre contact avec leur mère via les réseaux sociaux, puis à se réfugier dans une gendarmerie d'Istanbul.
Leur mère était alors venue les chercher, après une séparation de trois ans, pendant laquelle on avait affirmé aux enfants qu'elle les avait abandonnés.
Les enfants ont expliqué avoir été emmenés dès mars 2014 en Turquie, par leur père et leurs tantes, sous le prétexte de vacances. Ils ont témoigné avoir été placés pendant trois ans sous la garde de leur grand-père paternel, Mehmet, n'avoir jamais été scolarisés, n'avoir bénéficié d'aucun suivi médical, alors que Yasin souffre d'une leucémie, et avoir subi des mauvais traitements physiques et psychologiques. La mère et les trois enfants étaient absents à l'audience vendredi.