Selon Dominique Simonnot, la contrôleure générale des prisons, plusieurs Centres de rétention administrative pour immigrés en situation irrégulière, dont celui de Sète (Hérault), restent "attentatoires à la dignité" humaine, malgré de nombreuses mises en garde.
Prisons surpeuplées, locaux vétustes, violence croissante : une fois encore, la contrôleure générale des prisons tire la sonnette d'alarme.
Dominique Simonnot a publié, au Journal officiel du 22 juin, de nouvelles recommandations relatives à quatre Centres de rétention administrative (CRA), dont celui de Sète, dans l'Hérault.
Elle dénonce dans ces quatre établissements des "atteintes graves à la dignité, une dégradation des conditions de rétention, en raison du vieillissement de locaux mal entretenus, suroccupés, conçus pour de brefs séjours, et en raison de choix organisationnels ou architecturaux opérés sans considération pour le respect des droits des personnes retenues".
Dans son rapport d'activité 2022, Dominique Simonnot avait déjà dressé un bilan détaillé de l'état des établissements pénitentiaires français.
Un centre peu adapté à Sète
Dominique Simonnot a effectué sa troisième visite au Centre de rétention de Sète, du 13 au 16 février 2023.
Dans ce CRA qui compte 28 places, "les détenus sont tous ensemble, il n'y a pas de zone de séparation et les conditions de vie y sont plus dures, plus difficiles qu'en prison, ce qui a un impact certain sur les conditions de travail des policiers", explique David Augé, du syndicat Alliance Police.
Le manque de personnel y est aussi récurrent, affirme le représentant départemental de ce syndicat.
Un cri dans le désert
La Première ministre ainsi que le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Santé ont été destinataires de ces énièmes demandes d'amélioration.
Mais la contrôleure des prisons a beau multiplier les mises en garde, rien n'y fait. Ses visites successives donnent lieu à des" recommandations récurrentes laissées sans suite", déplore-t-elle.
Cette fois ci, Dominique Simonnot souligne, en outre, une vocation sécuritaire de plus en plus affirmée dans les CRA, où "depuis l’augmentation de la durée maximum de rétention à 90 jours, le climat général s’est tendu", écrit-elle sur son compte Tweeter.
Les conditions de vie indignes, combinées à l’allongement des durées de rétention et au phénomène de « carcéralisation » des CRA, nourrissent le climat de violence qui règne dans de trop nombreux centres.
Dominique Simonnot, contrôleure générale des prisons
25 CRA en France
En 2022, on comptait 25 Centres de rétention administrative en France (CRA), avec 1936 places disponibles.
Le gouvernement a prévu d'augmenter le nombre de places à 3.000 d'ici 2027 avec la construction de nouveaux CRA.
Près de 16 000 personnes en situation irrégulière ont été retenues en métropole, l'an dernier. En Outre-mer, on atteint presque le double : plus de 27 000 personnes ont dû y séjourner.