150 collégiens et lycéens, parents d’élèves et professeurs ont manifesté leur colère jeudi matin devant les grilles du lycée Marc Bloch à Sérignan. En cause, la baisse des dotations et la réforme du lycée.
“Classes surchargées = élèves sacrifiés”, “Réformes Blanquer, élèves en colère”. Les slogans s’alignent sur les banderoles accrochées le long des grilles en métal du lycée Marc Bloch de Sérignan dans l'Hérault. Quelques mètres plus loin, les témoignages en typo noire sur feuilles blanches livrent les inquiétudes des lycées :”génération test”, “génération sacrifiée”, “les programmes sont tellement lourds que nous ne pourrons jamais les finir”.
Mobilisés contre la réforme du bac
Ils sont environ 150, lycéens, parents d’élèves et professeurs mobilisés. Certains sont du lycée Marc Bloch à Sérignan où ils manifestent, d’autres du collège de Vendres ou de Jean Moulin à Béziers. Tous unis pour crier leur colère et dénoncer “un bac injuste” et “des économies sur le dos des élèves”.
“Nous ne sommes pas une variable comptable”, s’insurge Richard Vassakos, professeur d’histoire-géographie au lycée Marc Bloch, et représentant du SNES. “Blanquer a rendu 400 millions d’euros d’économies sur son budget et ce sont nos élèves qui en subissent les conséquences”.
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres, c’est l’attribution des dotations horaires du lycée en janvier dernier. Une dotation stable mais qui face à l’augmentation des effectifs (3 classes supplémentaires) à la rentrée prochaine équivaut à une baisse. Une baisse de budget qui intervient en même temps que la dernière phase de la mise en place de la réforme du bac.
“Nous sommes déjà dans une situation impossible à tenir, avec 36 élèves par classe en tronc commun et 28 élèves en cours de langue, c’est intenable”,
Une surcharge des classes difficile à vivre pour les lycéens comme Estelle Herry, élève de terminale : “on est 36 dans ma classe et parfois, on devait aller chercher des tables et des chaises dans d’autres classes et se serrer dans la nôtre”, témoigne-t-elle. “Et puis une classe surchargée, c’est beaucoup de bavardages, beaucoup de bruits. On a du mal à se concentrer, on n'entend pas le prof, si on est au fond de la classe et puis on s’empêche de poser des questions pour ne pas ralentir le cours”.
Une surcharge qui a inévitablement un impact sur les résultats scolaires comme l’a constaté Emmanuel Gomez, un parent d’élève : “depuis le covid, les élèves sont obligés d’être en effectifs réduits en cours. Et depuis, on constate une nette amélioration des notes. Mon fils peut facilement poser des questions, le professeur peut prendre le temps de lui expliquer quand il ne comprend pas. Ça change tout”. Père de 3 enfants dont le dernier en terminale, Emmanuel Gomez a vu les classes se charger d’élèves d’année en année : “j’ai d’abord connu des classes à 26 avec mon aîné, puis à 28 et chaque année ça augmente jusqu’à là avec cette réforme, on en arrive à 36 élèves par classes, ce n’est pas possible”.
Suppression d’options par manque de moyens
Face aux baisses de dotations pour la rentrée prochaine, le lycée a été contraint de faire des choix. La spécialité EPS (sport) promise aux élèves ne verra finalement pas le jour et comme l’explique le représentant du SNES, la formation en langue sera fortement impactée : “On arrête de proposer l’espagnol en classe européenne, on n’en a plus les moyens. On a aussi dû réduire de moitié l’anglais euro : à peine 1 heure par semaine alors qu’on avait le double avant”.
Les lycées craignent aujourd’hui l’installation d’une éducation à deux vitesses entre les établissements ruraux et urbains. “L’EPS devait être nouvelle option mais on ne pourra pas l’avoir. Donc si on veut aller en STAPS (en fac de sport), on doit quitter le lycée et aller à Montpellier, Béziers ou Narbonne dans des lycées plus riches et plus lointains. Mais on n’en a pas tous les moyens” déplore Estelle, l’élève de terminale.
En plus de cette manifestation, les professeurs ont refusé cette dotation au conseil d’administration du lycée et ont boycotté les nouveaux conseils depuis. Les professeurs principaux ont aussi démarré une grève du zèle, mouvement suivi depuis par 80% d’entre eux.