À Neffiès, près de Béziers, une famille s’était retrouvée sans domicile après des travaux d’isolation à 1 euro réalisés avec un produit cancérigène. Les propriétaires ont porté plainte contre l’entreprise, et une potentielle nouvelle victime a été identifiée.
« Je suis inquiet pour ma famille ! » Cet habitant de Béziers, qui souhaite conserver l’anonymat pour le moment, n’en revient pas de ce qu’il apprend. «On m’a vendu un produit fiable et écologique.» C’est en tout cas ce que lui assure l’entreprise Eco isolation, qui réalise alors des travaux d’isolation dans le plafond de sa maison à la fin du mois de novembre.
Des travaux proposés au prix modique de 1 euro. Une offre mise en place avec le ministère chargé de l’écologie. Suite à la médiatisation de l’affaire de Neffiès, il a très vite déchanté, et s’inquiète pour l’avenir. « Est-ce que ma maison est également contaminée par ce produit toxique ? Pour le moment, je ne suis sûr de rien. » Mais avec une personne à risque à domicile, cet habitant prend la chose très au sérieux et assure vouloir engager un expert pour effectuer des analyses d’air.Est-ce que ma maison est également contaminée par ce produit toxique ?
La gorge et les yeux qui brulent
L’affaire a éclaté début novembre dans la commune de Neffiès près de Béziers, lorsque le plafond de la chambre parentale, isolé par la même société deux semaines auparavant, finit par s’écrouler. Des résidus blanchâtres sont retrouvés dans toute la maison. Le couple se plaint de fortes odeurs, et de brûlures au niveau de la gorge et des yeux. Ils sont hospitalisés et se voient prescrire sept jours d’ITT.Aujourd’hui, la maison est inhabitable et le couple doit se serrer dans un studio de 12 m avec leur enfant. « Notre bébé de 4 mois et demi souffre d’une otite aigue et d’une rhinopharyngite » ajoute Yohan Allingry, qui assure « tout mettre en œuvre » pour prouver la toxicité de la mousse posé dans leur plafond.
Le formaldéhyde : une substance cancérigène
Pour cela, il a engagé un expert certifié par le Comité Français d’Accréditation (COFRAC). « Ça m’a coûté très cher, mais cet organisme permet de délivrer des analyses sur, qui ne seront pas contestables devant les tribunaux » affirme Yohan Allingry. Ce rapport confirme la première analyse du centre anti poison.Il s’agit bien d’une mousse de type « urée-formaldéhyde » (MIUF), constituée de résine urée-formol à laquelle on a ajouté un agent gonflant. Le mélange, qui s'apparente à de la mousse à raser, fut très populaire en Europe durant les années 1970. Mais depuis les années 80 son utilisation a presque disparue, en raison de nombreuses suspicions de problèmes de santé causés par le formaldéhyde relâché par la MIUF. Depuis 2004, le formaldéhyde est classé par l’OMS comme cancérigène de niveau 1 et mutagène de niveau 2. Son utilisation en France reste légale, mais est strictement encadrée par un décret n° 88-683 du 6 mai 1988.
Selon Yohann Allingry, le rapport de l’expert rendu il y a deux semaines serait catastrophique : « Le taux de formaldéhyde dépasse de 25% le seuil maximal fixé par l’agence nationale de sécurité sanitaire. (ANSES) »
Une entreprise « dans le déni »
Jordan Asaro, le patron d’Eco-Isolation, nie toute responsabilité : « Nous avons sous-traités ce chantier via une autre société et c'est cette autre société qui met en place et vend le produit en question. » Hors Jordan Asaro serait également le fondateur de cette entreprise de sous-traitance. Selon son avocate Maitre Karine Masson Eco isolation est victime d’un acharnement infondé : "On est en train de faire un procès d’intention à une entreprise qui va devoir déposer le bilan".Yohann Allingry a déposé plainte auprès du procureur de la république de Béziers. L’enquête est en cours, mais l’entreprise est selon lui « dans le déni » et refuse de collaborer. Le nombre de foyers qui ont réalisé des travaux d’isolation avec Eco-Isolation n’est pas encore connu.
Pour éviter les arnaques à l'isolation à 1€, le ministère de l'économie a mis en ligne un site internet qui recense les précautions à prendre: https://www.economie.gouv.fr/cedef/isolation-un-euro