L'une des plus grandes stations balnéaires d'Europe menacée, branle-bas de combat contre l'érosion qui grignote sa côte

C'est l'une des plus grandes stations balnéaires d'Europe. 6 000 habitants l'hiver, 70 000 résidents l'été. Mais la commune de Vias dans l'Hérault est menacée. L'érosion avale inexorablement une partie de sa côte. La municipalité va tenter une expérience pour ralentir le phénomène.

La vue est imprenable. Jean Raymond Richaud n'a que quelques pas à faire pour contempler la mer depuis son jardin. Il est l'un des premiers habitants de la côte ouest de Vias et vit ici à l'année, en première ligne. Il a acheté le terrain il y a 41 ans. "La pente est beaucoup moins abrupte. La dune descendait doucement et se prolongeait par une plage de 50 mètres où on jouait au volley-ball", note cet habitant de Vias dans l'Hérault.

Un mètre perdu chaque année

Plus de plage donc et à la place un rempart de rochers que Jean-Raymond a financé. Pour le moment, il résiste aux assauts des vagues. Car la mer grignote le trait de côte. Inexorablement, il perd plus d'un mètre par an à cause des tempêtes.

Alors que la côte est, plus urbanisée, est protégée par des digues et des épis depuis 40 ans, à l'Ouest  l'érosion est déjà trop avancée. Que faire alors ? En 2015, Vias a misé sur un cordon dunaire et fait reculer des campings. Insuffisant. Cette fois elle expérimente en mer un dispositif innovant avec des atténuateurs de houle.

"C'est un système de filets ancré sur l'avant côte de façon à piéger le sable et former ensuite une dune hydraulique sous-marine qui a terme permettrait d'atténuer naturellement l'énergie des vagues. Si ça fonctionne, on peut imaginer une plage qui va s'engraisser et pourquoi pas un cordon lunaire se rétablir pour mettre plus ou moins en protection, les habitations à l'arrière", précise Tony Rey, géomorphologue au laboratoire de géographie et d'aménagement de Montpellier.

Anticiper l'érosion

En parallèle, la municipalité s'est lancée dans une autre démarche. Elle veut comprendre et anticiper l'impact de l'érosion sur la côte ouest. Elle va donc réaliser une cartographie de l'évolution du trait de côte à 30 et 100 ans. Cette étude financée par l'État servira à identifier les zones à risques et celles où il sera possible de reconstruire plus dans les terres. Un réaménagement qui changera forcément le paysage actuel.

"On va déjà attendre le retour d'expérience du positionnement des filets et l'effet de ces dunes sous-marines sur le transit sédimentaire mais si à des endroits, nous devons reculer des maisons, ces barrières de rochers ou ces maisons devront être détruites pour être repositionnées ailleurs", ajoute Jordan Dartier, maire LR de Vias.

500 familles à l'année, 30 000 habitants l'été

La mairie veut aller encore plus loin en reconstituant ses plages disparues et touristiques. Mais que vont devenir les riverains ? 500 familles habitent ici toute l'année, 30 000 l'été. Alors elles se sont rassemblées en collectif pour défendre leurs intérêts.

"Nous avons fait un choix mais n'avons pas envie qu'il parte dans la mer. En même temps, si le prix à payer c'est de devoir partir, on partira peut-être mais dans l'attente des résultats de ces expérimentations, nous souhaiterions un moratoire sur toutes les autres mesures visant à envisager le recul des propriétaires de manière concertée", ajoute Olivier Bonnaud, membre du collectif citoyen côte Ouest.

La mairie ne fera pas de moratoire. Depuis dix ans elle acquiert déjà des terrains. Mais sans aide financière de l'État, elle ne pourra pas acheter tout le foncier dont elle a besoin. En attendant, elle essaie de contenir l'érosion avec ces filets sous-marins. 

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