PORTRAIT. Alexandre Lloveras, originaire de Béziers, champion paralympique de cyclisme en tandem

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Alexandre Lloveras et Corentin Ermenault ont apporté mardi à l'équipe de France sa cinquième médaille d'or aux Jeux paralympiques de Tokyo en remportant le contre-la-montre sur route en tandem. Le premier, déficient visuel, a été licencié quelques années au club handisport de Béziers.

"C'est une grande fierté même s'il n'est plus licencié au club. Disons que nous avons été un élément facilitateur dans cette réussite," explique Michel Douard, le président fondateur du club handisport de Béziers qui compte 19 titres paralympiques à son palmarès. 

"Alexandre Lloveras est arrivé au club à l'âge de 14-15 ans," se souvient Michel Douard. Avec son frère. Ils sont tous les deux déficients visuels, atteints de rétinite pigmentaire.  "J’y vois comme dans un trou de serrure, résume-t-il. J’ai un champ visuel central mais pas de champ visuel périphérique. J’ai un dixième à chaque œil".

J’y vois comme dans un trou de serrure

Alexandre Lloveras

Les deux frères sont passionnés d'athlétisme. "Nous avions une convention avec le club local dont le président était très attaché à l'intégration des personnes en situation de handicap. En 2018, Alexandre doit arrêter l'athlétisme. Un problème à la voute plantaire, une douleur chronique qui l'empêchait de concourir," se souvient Michel Douard. Il était programmé pour Paris 2024.

Un mal pour un bien

Un mal pour un bien ? Alexandre est un sportif dans l'âme. Il va tester le cyclisme tandem avec son papa (infirmier à Béziers, la maman est pharmacienne), comme guide, en alternance avec son frère.  "Il a passé tout le temps où il était arrêté à faire du vélo d'appartement. Il est arrivé avec des poils aux jambes, un short de foot, des baskets pour courir et un tee-shirt bien ample et il a explosé tous les petits de son âge du pôle valide de la fédération française de cyclisme," évoque Pierrick Giraudeau, directeur de la performance à la Fédération française de handisport.  

Quand on débute dans le handisport, c'est déjà compliqué, mais lorsque vous arrivez à un certain niveau, ça l'est encore plus car il faut trouver le bon binôme

Michel Douard, président du club handisport de Béziers

Entre-temps, le jeune cycliste est arrivé à Lyon où il intégre une école de kiné. "Pour moi, il est important de garder cet équilibre entre sport et étude et c'est même bénéfique, ça permet de penser à autre chose".

"Quand on débute dans le handisport, c'est déjà compliqué, mais lorsque vous arrivez à un certain niveau, ça l'est encore plus car il faut trouver le bon binôme", prévient Michel Douard. Alexandre va trouver la perle rare: Corentin Ermenault, 25 ans, ancien du peloton professionnel au sein de l'équipe Vital Concept et victime d'un "burn out du vélo", selon ses mots, avant de retrouver la voie avec son nouveau coéquipier. "C’est important d’avoir un coéquipier en qui on a confiance. Il faut que ça se passe bien sur le vélo, mais aussi en dehors," explique le natif de Béziers

Le coronavirus a déplacé les Jeux paralympiques en 2021. Une chance pour le tandem qui a commencé à rouler ensemble en novembre.  La complicité qui s'est nouée entre les deux hommes leur a permis d'atteindre très vite le niveau des meilleurs binômes et devenir en juin dernier vice-champions du monde du contre-la-montre à Cascais au Portugal. 

Chez lui, Alexandre s'est aménagé un espace entraînement étonnant. Sous une tente, l'oxygène est réduit pour augmenter la production de globules rouges: un effet haute montagne à la maison comme s'il dormait à 2150 m d'altitude. Pour être fin prêt. 

Une déception avant le titre

A Tokyo, ils vont participer à trois épreuves des Jeux paralympiques. Cela commence par une énorme déception. 4ème, au pied du podium pour le contre-la-montre. "Pas facile d'écrire ces quelques lignes... Vous ne pouvez pas imaginer à quel point nous sommes déçus avec @corentin_ermenault... On arrivait sur cette épreuve avec de grandes ambitions. Ce résultat ne reflète pas notre travail, et nos sacrifices," partage Alexandre sur son compte Facebook. Mais il poursuit très vite: "Nous avons perdu cette bataille, mais pas la guerre ! On se remobilise, prochaine épreuve le 31/08 avec le contre-la-montre sur route." 

Ils sont devenus ce matin champion paralympiques en remportant le contre-la-montre sur route. "On a commencé à rouler ensemble en novembre face à des équipages formés depuis des années. On visait le titre paralympique, la Marseillaise, et aujourd'hui on l'a fait, c'est magnifique," s'exclame Alexandre Lloveras.

"Gagner cette médaille à deux, c'est extraordinaire, apprécie le pilote. C'est quelque chose qu'on ne vivra pas énormément dans notre vie. Il va falloir savourer." Au moins, une dernière course en duo les attend vendredi avec la course en ligne.
 

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